Après Jane Campion et Tim Burton, c’est le cinéaste alle­mand Wim Wenders qui rece­vra le 15e prix Lumière le 20 octobre prochain, en nous faisant voya­ger dans le monde entier. Voici pourquoi.

Après Tim Burton, ce sera donc au tour de Wim Wenders de rece­voir le 15e prix Lumière le 20 octobre prochain. Un choix réso­lu­ment ciné­phile pour cette figure de proue de la vieille « Nouvelle vague » alle­mande, grand intel­lec­tuel euro­péen qui a toujours côtoyé l’Amé­rique, notam­ment à travers son chef-d’oeuvre de road movie Paris, Texas (Palme d’Or, 2 millions d’en­trées en 1984, en 2 millions fois de moins de mots pronon­cés dans tout le film…). Il était alors parti aux Etats-Unis à l’in­vi­ta­tion d’un certain Fran­cis Ford Coppola (prix Lumière 2019), sur les traces du grand Nicho­las Ray, auquel il avait consa­cré un film en 1980, Nick’s movie (commençant par un plan sur les tours jumelles à New York). L’his­toire du cinéma n’a aucun secret pour lui, et son cinéma, céré­bral, sera souvent un meta-cinéma, mettant en scène l’acte même de créer, quand ce n’est pas lui-même.

Harry Dean Stan­ton dans Paris, Texas.

De Paris, Texas aux Ailes du désir

C’est en poète qu’il revien­dra dans son pays (catho­lique) natal trois ans après Paris Texas pour son autre chef-d’oeuvre : Les Ailes du désir, méta­phore du déchi­re­ment alle­mand et euro­péen des deux côtés du mur, qui retrouve l’inquié­tant étran­geté avec laquelle il avait débuté en adap­tant Peter Handke dans L’An­goisse du gardien de but au moment du penalty. Son goût pour la contem­pla­tion et une forme de rêve­rie céré­brale condui­ront parfois ses films Jusqu’au bout du monde et jusqu’au bout de l’en­nui (Si loin si proche)…

Koji Yaku­sho, prix d’in­ter­pré­ta­tion à Cannes pour Perfect days, le dernier film de Wim Wenders.

Un voya­geur de l’es­prit

Mais Wim Wenders reste un cinéaste et une figure artis­tique à part à la croi­sée des esthé­tiques, euro­péenne et améri­caine, fiction­nelle et docu­men­taire, entre le preneur de son qui nous emmène, dans Lisbonne Story, à la décou­verte d’une ville par son imagi­naire sonore, la photo­gra­phie de Salgado soucieux des grands enjeux écolo­giques dans Le Sel de la terre, jusqu’à la musique cubaine du Buena Vista social club ou la danse de la grande Pina (Bausch, son amie). De quoi tisser des liens à l’in­té­rieur et au-delà du cinéma et nous promettre, en chan­tant ou en dansant, des belles soirées d’au­tomne. Avec sans doute en avant-première son dernier film, Perfect days, qu’on a beau­coup aimé et qui a valu à Koji Yaku­sho le prix d’in­ter­pré­ta­tion mascu­line à Cannes, anti-héros spiri­tuel typique de l’oeuvre de Wenders : un gardien de toilettes à Tokyo qui s’épa­nouit à travers la beauté qu’il trouve autour de lui dans les livres, la musique et les arbres qu’il aime photo­gra­phier.

Un prix sans fron­tière et voya­geur, pas très festif mais certai­ne­ment le plus poétique qu’ait choisi d’ho­no­rer le festi­val Lumière jusqu’ici.

Wim Wenders rece­vra le 15e prix Lumière le 20 octobre 2023. 15e édition du festi­val du 14 au 23 octobre.

Perfect Days, le dernier film de Wim Wenders sortira en salles le 29 novembre. Avant-premières lundi 19 juin à 20h30 et 20h40 au Lumière Terreaux, Lyon 1er.