Ils sont deux pour assu­rer la nouvelle direc­tion du TNP, Jean Bello­rini et Florence Guinard (photo), et fait très plai­sir de rencon­trer deux direc­teurs plein d’ap­pé­tit prêts à tout pour ouvrir le théâtre ( y compris cet été) et l’ou­vrir aux villeur­ban­nais.e.s, avec un projet aussi ambi­tieux et renou­velé artis­tique­ment que soucieux de son inscrip­tion sociale et de s’adres­ser à tout le monde. Covid oblige, exit pour l’ins­tant les invi­ta­tions inter­na­tio­nales, même si ce n’est pas le moindre inté­rêt du projet que porte Jean Bello­rini, que de réou­vrir un plateau resté un peu trop long­temps recroque­villé sur sa langue française, et pas assez ouvert sur les cultures étran­gères et les maîtres du théâtre d’aujourd’­hui. Exit aussi les festi­vi­tés d’un cente­naire théo­rique prévu en novembre 2020, et dont ne restera en queue de comète que la re-créa­tion de la Jeanne de Péguy par feu l’an­cien direc­teur Chris­tian Schia­retti. Une façon de tour­ner la page pour prévoir un cente­naire de l’an 1 en 2021, fêté comme il se doit, avec des enfants et le regard réso­lu­ment tourné vers l’ave­nir. Voilà aussi qui fait plai­sir de quit­ter les vieilles lunes du « c’était mieux avant » qui encombre encore trop bon nombre de théâtre et leurs sata­nées séances scolaires impo­sées aux enfants.

Musique, fête, enga­ge­ment !

Car la bonne nouvelle, c’est que loin de se lais­ser abattre, Florence Guinard et Jean Bello­rini ont recom­posé au débotté une saison pleine d’en­train et de sens, avec une foule de spec­tacles, d’ar­tistes et de formes plus origi­naux et appé­tis­sants les uns que les autres. Lui aussi presque cente­naire, Peter Brook, assez rare sur la scènes lyon­naises, ouvrira la saison avant qu’A­rianne Mouch­kine, autre marraine du théâtre de Jean Bello­rini, ne la referme avec… une comé­die musi­cale brési­lienne ! La carte blanche à la violon­cel­liste Sonia Wieder-Ather­ton finit de marquer l’em­preinte de la musique sur la salle villeur­ban­naise, sans comp­ter l’Oneguine de Bello­rini lui-même, spec­tacle immer­sif conçu comme un casque à musique sur la tête de chaque spec­ta­teur, et qu’on rêve de voir depuis qu’on nous en a parlé… en bien ! Ce sera pour février, juste après la créa­tion du Jeu des ombres de Valère Nova­rina, auteur lyon­nais majeur pour lequel Jean Bello­rini commence dès à présent les répé­ti­tions. Joël Pomme­rat, metteur en scène désor­mais asso­cié au TNP, le suivra de quelques semaines pour un work in progress en fonc­tion des liber­tés lais­sées par les règles sani­taires, avant de reprendre son formi­dable ça ira, fin de Louis au mois de novembre. Pauline Bureau vien­dra en janvier montrer la face contem­po­raine de la Comé­die-Française pour son propre texte, Hors-la-Loi, tout comme Tiphaine Raffier, venue du théâtre bien agité de Julien Gosse­lin, mettra aussi en scène sa créa­tion, La réponse des hommes. Au rayon popu­laire, c’est Jacques Weber qui incar­nera Le Roi Lear pour Georges Lavau­dant, tandis que Laurent Pelly revien­dra au théâtre avec Harvey, l’his­toire d’un drôle de lapin… Jeune public (Pop-up, un fossile de dessin animé / Les Trois mousque­taires), grand public (Macha Makeïeff et son Lewis versus Alice tiré de Lewis Caroll), inven­tif, cette première saison déjà foison­nante fera aussi la place à une jeune compa­gnie qu’on aime beau­coup par ici : le Collec­tif X et François Hien, pour son Affaire Correra, créé dans le quar­tier de la Duchère à Lyon autour du refus de partir d’une femme délo­gée. Musique, fête, enga­ge­ment : que demande le peuple, à son théâtre natio­nal popu­laire ?

Saison 20–21 du TNP à Villeur­banne, à partir du 12 juin sur https://www.tnp-villeur­banne.com/

A noter que les abon­ne­ments 19–20 sont recon­duites auto­ma­tique­ment dans les mêmes condi­tions la saison prochaine. La billet­te­rie à l’unité ouvrira à partir du 1er septembre, deux mois avant chaque spec­tacle.