« On est dans un Jurassic Park ? » se demande ce parisien surpris par un cerf qui vient se frotter le derrière sur sa Smart jusqu’à la renverser… Un Jurassic Park franchouillard ? Pas loin… Car en plus de se lancer dans une satire assez subtile et partagée des chasseurs ruraux et des bobos parisiens face-à-face, Chasse gardée ose composer des personnages pour être parfois imprévisible, notamment avec les animaux.
Vous croiserez donc un drôle de coq au milieu de poules avec des noms de grandes danseuses, de Pina Bausch à Anne Teresa de Keersmaeker… (mais si) Un flashback hilarant sur un marcassin au Coeur grenadine, ou une attaque de sanglier à la Spielberg avec une musique digne de John Williams.
Chasse gardée, le film viandard d’après Barbaque de Fabrice Eboué
Car si le point de départ semble aussi fléché que le viseur de la chevrotine rivé sur la nouvelle maison des parisiens en mal de campagne, Chasse gardée prend suffisamment de chemins de traverse pour garder une liberté de ton réjouissante. Quelque part entre la grosse comédie populaire, l’esprit Groland et le film de viandard à la Barbaque sauce Fabrice Eboué.
Le retour à l’absurdité étroite de la vie urbaine parisienne vue de Province est irrésistible. Et la façon de glisser incidemment un prénom juif à une bête noire (Moshe) ou d’évoquer les bras de fer possibles avec la Cour européenne des droits de l’homme est loin d’être sotte…
En plus de Thierry Lhermitte en père flambeur, on se réjouit de découvrir une nouvelle génération d’actrices et d’acteurs de comédie hyper-convaincants, jusqu’au second rôle de Julien Pestel, vrai-faux chasseur assez touchant, au partenaire très particulier…
Chasse Gardée d’Antonin Fourlon et Frédéric Forestier (Fr, 1h40) avec Didier Bourdon, Camille Lou, Hakim Jemili, Julien Pestel, Isabelle Candelier, Jean-François Cayrey, Thierry Lhermitte, Chantal Ladesou… Sortie le 20 décembre.
