La première qualité d’une présentatrice ou d’un présentateur, c’est de savoir s’entourer. Encore un peu timide quand il s’agit de pitcher les films ou lire le courrier des lecteurs, minaudant moins qu’a l’accoutumée, Rebecca Manzoni a réussi sa première au Masque et la plume cinéma, d’abord en choisissant bien son cercle de critiques.

Incarnation du changement dans la continuité, Xavier Leherpeur lançait les hostilités avec Priscilla de Sofia Coppola (dont on a pensé la même chose), avec sa gouaille gourmande habituelle. Elle aussi rescapée de l’ère Jérôme Garcin, Charlotte Lipinska avait bien préparé ses punchlines. Mais la tonalité plus vive et plus acérée est avant tout venue des deux nouvelles recrues. Cinéphile bienveillante, nourrie à l’école de Michel Ciment, Ariane Allard de Positif et Causette remplace avantageusement les postures idéologiques de feue Camille Nevers de Libération.

Nouveau Masque et la Plume : l’exercice a été profitable, Madame

Mais c’est surtout l’arrivée de Christophe Bourseiller en lieu et place d’Eric Neuhoff qui apporte un autre regard cinématographique et de la variété politique au débat. Rompu à l’exercice radiophonique, il insuffle beaucoup de vie et une autre grille de lecture à ce nouveau Masque et la plume, quitte à troubler la pudeur de gazelle de la nouvelle présentatrice quand il ose apporter un bémol sur la vision de la banlieue dans le film Vermines (et il a bien raison)…

Si on peut saluer les efforts de France inter de varier les genres de films et les positionnements de ses chroniqueurs, la bien pensance de Radio France revient au galop quand il s’agit d’entrer dans le vif des problèmes sociaux. Mais l’exercice critique aura été profitable, Madame, et contagieux. C’est bien l’essentiel. Il ne devrait que se bonifier avec le temps. Rendez-vous est pris avec les livres et notre cher Arnaud Viviant la semaine prochaine.

La Masque et la Plume par Rebecca Manzoni. Tous les dimanches à 20h sur France Inter et en podcast.

Rebecca Manzoni le Masque et la plume