Avant de parler de votre musique à vous, on aime­rait parler de votre passion pour la musique. Vous en écou­tez beau­coup et déni­chez en perma­nence des pépites ?

Flavien Berger : Oui… en fait, je ne me suis jamais posé la ques­tion ! (rires) La musique est très présente dans ma vie et j’ai tendance à avoir la place, menta­le­ment, de l’écou­ter avec atten­tion et même peut-être de l’ana­ly­ser un peu en même temps que je l’écoute. Par exemple, ce matin, je regar­dais un épisode de la série How To with John Wilson sur HBO et la musique de fond a attiré mon atten­tion.

J’ai eu envie de creu­ser et j’ai trouvé une play­list qui rassem­blait tous les morceaux utili­sés dans cette émis­sion, que j’ai écou­tés. Cela m’a donné envie de creu­ser encore, chez certains artistes que je ne connais­sais pas, et ainsi de suite… J’ai le privi­lège d’avoir le temps de le faire, j’en suis conscient. Mais on vit une époque où tout ça est dispo­nible, là, en quelques clics. C’est formi­dable. Et quand on va à la pêche, la pêche est bonne !

Cette curio­sité nour­rit vos œuvres qui se jouent des styles et des étiquettes, s’amusent à mêler pop, techno et musiques savantes, comme dans votre dernier album, Dans cent ans

Je dirais que Dans cent ans est mon album le plus sage ou le plus scolaire à ce jour. Le moins impré­vi­sible en tout cas. Ce qui, en musique, peut être jugé comme une qualité ou un défaut, selon ses goûts. Person­nel­le­ment, j’aime bien être dérouté par une œuvre musi­cale. Cela dit, j’aime beau­coup Dans cent ans et si vous l’ai­mez aussi, je rejoins votre subjec­ti­vité avec plai­sir. (rires)

C’est vrai qu’on y retrouve une sorte de struc­ture. Cet album ferme d’ailleurs cette trilo­gie, qui a été décrite comme votre « trilo­gie du temps ». Ça vous va comme appel­la­tion ? On serait plus tentés de l’ap­pe­ler la « trilo­gie de l’amour« , mais ce doit être notre côté roman­tique…

Ces disques forment bien une trilo­gie mais je ne suis pas forcé­ment à l’aise avec ce nom de «  trilo­gie du temps  » ni avec celui de « trilo­gie de l’amour » d’ailleurs, je suis désolé (rires). Bien sûr que mes chan­sons parlent du temps et de l’amour mais ce sont des thèmes si vastes… Avec le recul, si je devais donner le thème de cette trilo­gie, ce serait celui juste­ment de l’ap­pren­tis­sage de la musique. De mon appren­tis­sage de la musique.

De la musique avec un grand M ?

C’est comme une quête. Je suis dans ce rêve où je m’ima­gine un peu comme un cheva­lier et la musique est tantôt un monstre qu’il faut appri­voi­ser ou combattre, tantôt mon royaume. Elle n’est pas quelque chose de concret, ni de fini, elle a plusieurs visages et plusieurs formes. 

« Je crois que je suis encore un peu trop snob pour accep­ter de faire partie de la ‘chan­son françai­se’ »

FLAVIEN BERGER

Vous rendez-vous compte qu’à force de parta­ger votre musique avec de plus en plus de gens, vous êtes en train de vous faire une place parmi les « grands  » de la chan­son française ?

Flavien Berger : Ah… Je suis partagé par rapport à ça. (rires) D’un côté, le fait d’avoir inté­gré de la pop dans ma musique est une orien­ta­tion volon­taire, tota­le­ment assu­mée et je suis super content qu’il y ait des gens qui écoutent ce que je fais. D’un autre côté, je crois que je suis encore un peu trop snob pour accep­ter de faire partie de la caté­go­rie «  chan­son française ». Je suis quand même quelqu’un d’un peu tourné vers le passé, je dois être honnête, et ce qui passe à la radio aujourd’­hui ne m’émeut pas de ouf… Non, je crois que je suis trop snobi­nard, enco­re… (rires)

Sur votre premier album il y avait La Fête noire, une petite pépite rockab’ psyché dans laquelle vous chan­tiez : « le plus beau voyage, c’est la fête foraine ». En fait, vous avez choisi la date du 10 novembre pour votre concert au Trans­bor­deur afin de ne pas manquer le dernier week-end de la Vogue des marrons, c’est ça ?

Oui bien sûr, on cale toute les dates de la tour­née par rapport aux fêtes foraines, c’est tout un travail de plani­fi­ca­tion… Non, je plai­sante, je ne la connais pas encore celle-là. Mais c’est vrai que j’ai une fasci­na­tion pour cet univers. Les néons, les jeux, les attrac­tions… C’est un endroit un peu hors du temps, comme dans un rêve.

« C’est vrai que jouer avec un orchestre à Four­vière me plai­rait beau­coup »

FLAVIEN BERGER

Notre rêve à nous, serait de vous revoir à Lyon l’été prochain mais sur l’autre colline, en face, celle de Four­vière. Une créa­tion spéciale aux Nuits de Four­vière, avec un orchestre par exemple, pour donner encore plus de corps à vos créa­tions, ça aurait de la gueule, non ?

Flavien Berger : Alors je vais vous déce­voir, je n’ai pas de scoop à vous annon­cer. Mais c’est vrai que main­te­nant que j’ai ces trois morceaux de 15 minutes chacun (NDLR : les trois morceaux éponymes : Levia­than, Contre-Temps et Dans Cent Ans), l’idée de les jouer avec un orchestre me plai­rait beau­coup. Et c’est vrai que les Nuits de Four­vière sont un endroit très réputé pour faire ce genre de choses…”