L’Ukraine est au coeur de l’ac­tua­lité. Inutile de faire un dessin. Seule­ment, on peut l’abor­der de façon plus gaie, plus répa­ra­trice, grâce au tout nouveau restau­rant Malva (« la mauve« , qui est un peu à l’Ukraine ce que le cèdre est au Liban ou l’es­car­got à la Bour­gogne). Vu d’ici, avec le regard du néophyte atteint de myopie, on imagine un univers consti­tué essen­tiel­le­ment de choux, de patates et de bette­rave rouge, arro­sés de diges­tifs…

Ce qui d’après notre hôte, Vladi­slav Duport-Butique, n’est pas tout à fait faux, mais pas tout à fait vrai… De toutes manières, Malva ne reven­dique ni le folk­lore, ni la repro­duc­tion d’une table tradi­tion­nelle, sans pour autant tout passer à la pyro­lyse. La cuisine, semi-gastro­no­mique, est une infu­sion entre les tech­niques et les us français, avec quelques incur­sions lyon­naises, mâti­nés… d’Ukraine.

Quelques plats restent cepen­dant marqués par le label d’au­then­ti­cité. En guise de repère, le fameux bortsch, une soupe rouge à base de bette­rave, pommes de terre, chou (qu’est ce qu’on disait…) carottes, ici enri­chi de joue de bœuf cuite long­temps. On l’agré­mente de crème fraîche (servie à part) dont on n’a toujours pas déter­miné s’il fallait la lier au liquide, ou en faire des bouchées. En tout cas, c’est excellent.

Bortsch, pampou­chka, l’Ukraine c’est bon comme là-bas !

D’au­tant qu’il est est servi avec une sorte de brioche très addic­tive, nommée pampou­chka. Le côté bien aillé de ce cous­sin moel­leux évoque l’idée des escar­gots, même si l’aneth remplace le persil. Autre garan­tie d’ori­gine : les éton­nants vare­niky à la griotte (revi­si­tés avec crème de coco), possi­ble­ment le seul dessert au monde à base de ravio­lis. Très très bon.

Pour le reste, le chef Illia Vasvu­tinski (accom­pa­gné de Olga et Sabir) se lâche. Vous le verrez peu. Il a 21 ans et suit un cursus chez Lyfe l’Ecole des arts culi­naires d’Ecully (ex Bocuse). Il est mani­fes­te­ment surdoué. Sa carpe farcie (emblème juif ashké­naze) ne ressemble pas à une carpe, et se trans­forme notam­ment en quenelle dans un plat sophis­tiqué.

Il y a encore un tartare de langue de boeuf en couronne, trop joli, subtil, présenté quasi comme une déco­ra­tion de Noël, un hareng à la gelée de bette­rave beau comme une méduse. On ne peut lister les détails (du crous­tillant au crémeux maitri­sés) mais la forme est bien le fond qui remonte à la surface. On flui­di­fie le tout avec du kompot (légère décoc­tion de fruits) ou un blanc ukrai­nien (un peu sucré). Unique.

Malva. 4 rue Bossuet, Lyon 6e. 04 78 24 28 09. Fermé dimanche et lundi. Formule : 20 € (midi). Menu : 25 € (midi). A la carte (c’est par là qu’il faut commen­cer) comp­ter 55 €. Kompot : 6 € (1 litre).