Le restau­rant CoCo a quelque chose en commun avec le réchauf­fe­ment clima­tique. D’une part cela fait long­temps qu’on l’at­tend, et il finit par arri­ver. D’autre part, il a des ambi­tions festives. In the heat of the night, pour citer la chan­teuse Sandra, dont l’oeuvre est moins saluée que celle de Milan Kundera, alors qu’elle est toujours vivante. L’an­cienne salle des pas perdus de la gare des Brot­teaux est désor­mais trans­for­mée en bras­se­rie chic aux dimen­sions impres­sion­nantes. 900 m2 et une hauteur de plafond de plus de 12 mètres.

Lustre design et pein­tures 1900

Malgré une surface à même d’ac­cueillir des mani­fes­ta­tions spor­tives (deux terrains de basket plus la buvette) le lieu respire le confort bour­geois, entre tradi­tion et moder­nité, diraient les amateurs de lieux communs. CoCo n’est pas un lieu commun. Les deux pein­tures placées au-dessus des portes laté­rales, la ville de Marseille vue du port, (Charles Lacour, 1909), et le lac Léman (Antoine Barbier, 1909) trans­pirent le patri­moine. Le « lustre  » hallu­ci­nant du desi­gner hollan­dais Nacho Carbo­nell, une sorte de montre des profon­deurs pris dans un filet de pêche ou dans les travaux de crochets d’une grand mère démente, s’ins­crit dans le temps présent, surveillé par quatre gigan­tesques palmiers. C’est sur ce même jeu de marelle tempo­relle que joue la carte.

Le lustre signé Nacho Carbo­nell. (photo Véro­nique Lopes)

Le retour de Robu­chon et de la tarte souf­flée choco­lat en cuisine

Un vol au vent d’es­car­gots et cham­pi­gnons de Paris , très Pompi­do­lien, côtoie un genre de poke/buddha bowl de céréales avocat et mangue. La sole meunière accom­pa­gnée de purée façon Robu­chon (50 % beurre, 50 % pommes de terre), servie entière, incarne la grande tradi­tion : Louis XIV en mangeait déjà (de la meunière pas du Robu­chon). Les tranches fines de bar mélangé de pêche et amandes fraiches aroma­ti­sées de verveine incarnent finesse et frai­cheur contem­po­raine. De bout en bout, de l’en­trée aux desserts (la « tarte souf­flée choco­lat », holala), tout est excellent. Avec une légère réserve toute­fois pour les linguine au homard débor­dées par la crème. Le homard ne préfère rien tant que se bala­der tout nu. Une doudoune n’était pas néces­saire.

Sinon c’est droit. Les assai­son­ne­ments sont bien marqués (un simple carpac­cio d’ar­ti­chauts pour­rait postu­ler chez Space X), cuis­sons au pied à coulisse, effet doudou chic rassu­rant partout. Le seul écueil, de la taille de l’Ice­berg qui a coulé le Tita­nic, réside dans les tarifs, que l’on pour­rait quali­fier de Tropé­ziens avec vue sur Tour Eiffel. Mais voilà, CoCo appar­tient à un groupe d’une cinquan­taine d’éta­blis­se­ments de luxe « d’ex­cep­tion » (resto, disco, dodo) dont le CoCo installé au coeur du Palais Garnier. Si pour vous l’argent n’est pas un problème, courez-y.

Restau­rant CoCo. 13 Place Jules-Ferry, Lyon 6. Fermé lundi et mardi (pour l’ins­tant). Pas de menu. Carte unique­ment. Comp­ter entre 60 et 100 € (sans les liquides). Daurade mari­née agrumes avocat (entrée) : 21 €. Poulet rôti purée : 27 €. Linguine au homard : 48 €. Tarte souf­flée choco­lat : 14 €. Morgon Jean Foillard : 72 €. Photo prin­ci­pale : Maxime Gruss / Exit Mag.