L’abus d’al­cool est bon pour la santé, ou presque. C’est le sujet pas piqué des hanne­tons et foutre­ment anti-poli­tique­ment correct du dernier film de Thomas Vinter­berg, et on ne se mouille pas en affir­mant que c’est de loin le meilleur depuis La Chasse. Le réali­sa­teur danois retrouve d’ailleurs Mads Mikkel­sen, ce qui ne pouvait présa­ger que du bon. Et le résul­tat eupho­ri­sant ne nous a pas déçu.

Quatre profes­seurs en plein crise de la quaran­taine décident d’ex­pé­ri­men­ter la théo­rie d’un psycho­logue norvé­gien, esti­mant qu’il manque­rait 0,5 g d’al­cool dans le sang à l’Homme pour être heureux. Les voilà qui picolent en cachette, seule­ment sur leurs horaires de cours, et en prenant scru­pu­leu­se­ment des notes.

Malin comme un singe, Vinter­berg utilise les codes du feel good movie – la bande de copains losers, l’idée loufoque pour rebon­dir, les scènes d’eu­pho­rie – pour mieux les tordre et dessi­ner une comé­die grinçante. Derrière les scènes comiques, petit à petit, l’al­coo­lisme pointe le bout de son nez rouge et le malaise s’ins­talle. 

Diony­siaque

Mais ce n’est pas tant l’abus d’al­cool que le réali­sa­teur montre du doigt que la soli­tude et la détresse de chacun – notam­ment celle du person­nage de Mads Mikkel­sen, naufragé au sein de sa propre famille- comme l’hy­po­cri­sie de nos socié­tés autour de ce sujet. Les poli­ti­ciens ne sont d’ailleurs pas en reste avec cette superbe séquence d’images de grands de ce monde tota­le­ment ivres dans l’exer­cice de leur fonc­tion.

Vinter­berg, lui, défend avant tout une vision festive et diony­siaque de l’al­cool comme moyen de lâcher prise et de retrou­ver sa joie de vivre dans une société qui impose d’être de plus en plus perfor­mant. En témoigne la superbe scène finale de liesse avec un Mads Mikkel­sen dansant comme un dieu. Le film de la semaine pour se faire du bien sans modé­ra­tion et oublier que les bars sont fermés. Santé!

Drunk, de Thomas Vinter­berg (1h55, Dane­mark). Avec Mads Mikkel­sen, Thomas Bo Larsen, Lars Ranthe…