Il a donné, avec son groupe Mustang, ses plus beaux moments au rock’n’­roll français du XXIème siècle. Alors c’est peu dire que Jean Felzine est l’un de nos héros les plus chers. Un vrai song­wri­ter comme on n’en fait plus. En solo, il explore de nouveaux hori­zons musi­caux, mais pour­suit toujours le même rêve : celui d’écrire la plus belle chan­son du monde. Spoi­ler alert : c’est encore raté, mais c’est encore somp­tueux. Pour­tant il y a de quoi être désta­bi­lisé d’en­trée de jeu. Où sont les guitares rockab’ et les synthés fréné­tiques ? Drapées dans de nouveaux habits « variété chic », les cinq nouvelles chan­sons marquent une distance forte avec le style musi­cal rock de Mustang – et c’est aussi bien comme ça, quand on sait qu’un cinquième album du groupe est en prépa­ra­tion. Felzine se fend même d’un élégant portrait au vitriol des rockeurs, comme s’il n’en était pas un lui-même (Mes amis dans le rock, clip à dégus­ter ci-dessous), mais seule­ment un de leurs « frères  ».

Après la sépa­ra­tion de l’Église et de l’État, voici la sépa­ra­tion du Rock’n’Roll et de la Chan­son ! Un trip à la façon du Dr Jekyll – comme s’il exis­tait un Dr Felzine et un Mr Mustang – une tenta­tive (vaine, évidem­ment, c’est la chan­son la plus « rock » du disque !) de sépa­rer le chan­teur du rockeur. Ce qu’il réus­sit, en revanche, c’est de prou­ver qu’il n’a pas besoin des appa­rats du rock pour écrire de sublimes chan­sons. Ceux qui ont bien écouté les albums de Mustang le savaient déjà mais combien sommes-nous ? Pour les autres et plus géné­ra­le­ment tous ceux que le rock emmerde, la splen­dide ballade centrale État stable devrait être le coup de grâce ou juste la porte d’en­trée dans le monde mélo­dra­ma­tique et plein d’amour de Jean Felzine. Un grand rockeur qui va vous faire aimer la variété. Un grand chan­teur, tout simple­ment. Alexandre Queneau

Jean Felzine (+ Mauvais Garçon). Vendredi 18 septembre à 20h30 à A Thou bout d’chant (avec Le Marché Gare), Lyon 1er. 10 €. athou­boutd­chant.com