Le saviez-vous ? Amélie Nothomb a une soeur, Juliette, qui vit à Lyon et avec qui elle vien­dra présen­ter son dernier livre, Premier sang (Albin Michel), ce jeudi à la librai­rie du Tram­way (Lyon 3e). Juliette Nothomb est même l’au­teur d’Aimer Lyon chez Mardaga en 2018, mais elle est surtout citée à la toute dernière page du dernier roman d’Amé­lie – un de ses meilleurs –  après un ultime rebon­dis­se­ment qu’on vous lais­sera décou­vrir. Car Premier sang débute en quelque sorte comme l’au­to­bio­gra­phie cachée d’un condamné à mort facc au pelo­ton d’exé­cu­tion avant qu’on ne comprenne peu à peu de qui il s’agit, entre “les enfants Nothomb”, des “parents beaux comme dans un roman de Barbey d’Au­re­villy”, et un “château faible” des Ardennes où sévit un grand-père catho­lique et natio­na­liste poète à ses heures, maltrai­tant toute cette baron­nie désar­gen­tée. Même pour parler de sa famille, Amélie Nothomb a l’art d’être origi­nale dans la construc­tion et de rester drôle même dans sa veine la plus noire. Car il s’agit bien de “survivre à l’en­fance” dans ce livre où vous ne décou­vri­rez la place d’Amé­lie qu’à la toute fin, une fois qu’elle aura glissé le prénom de sa soeur qu’elle aime tant. C’est une petite merveille de tendresse au milieu de la cruauté fami­liale, avec ce style décalé unique qui en a toujours fait une écri­vaine à part. 

Auto­bio­gra­phie cachée

Cette jeune femme prome­nait un deuil d’une élégance saisis­sante devant des spec­ta­teurs en mesure de la comprendre et de lui renvoyer l’image voulue, cela suffi­sait à ses aspi­ra­tions” écrit-elle à propos de sa mère. Et même lorsqu’elle évoque la guerre et la pauvreté, c’est pour vanter le “végé­tal fibreux et sympa­thique” de la rhubarbe quand il était l’unique aliment de leur assiette, elle qui aujourd’­hui conti­nue d’avoir une passion pour les fruits abîmés. Mais c’est évidem­ment du père des deux soeurs dont il sera ques­tion dès l’exergue à travers une cita­tion de Sacha Guitry : “Mon père est un grand enfant que j’ai eu quand j’étais tout petit.” Dans la vraie vie, celui d’Amé­lie et Juliette Nothomb est mort le 17 mars 2020 d’une rupture d’ané­vrisme, inspi­rant à la roman­cière un de ses livres les plus person­nels… dans lequel tout est vrai et qui pour­tant ne raconte pas ça ! Même quand elle fait le portrait de sa famille au plus près, Amélie Nothomb est encore une formi­dable racon­teuse d’his­toires. Ce sera passion­nant de l’en­tendre en compli­cité avec sa soeur évoquer ce drôle d’hom­mage, qui termine par une pirouette humo­ris­tique impa­rable dont elle a le secret. Un grand cru.

Premier sang d’Amé­lie Nothomb (Albin Michel, 17,90 €, prix Renau­dot).

Rencontre avec Amélie et Juliette Nothomb jeudi 12 novembre de 15h à 19h à la librai­rie du Tram­way, Lyon 3e. Entrée libre, pas d’ins­crip­tion ni de réser­va­tion, “prévoyez les écharpes pour les plus frileux” note la librai­rie.