Maria Schneider aura pratiquement été l’actrice d’un seul rôle, fatal : celui du Dernier Tango à Paris de Bernardo Bertolucci, avec un Marlon Brando vieillissant, et une scène atroce de viol avec motte de beurre qui lui sera imposée. Le film fera scandale et lui vaudra une notoriété fulgurante, en plus d’une interdiction en Italie, et de la condamnation de ses interprètes pour « obscénité« .

La perdition de Maria Schneider

Le prix à payer sera sans appel pour Maria Schneider : « habillée, je n’intéresse personne… », se désole-t-elle. De cette scène culte sulfureuse dont on sait aujourd’hui qu’elle constituait ni plus ni moins qu’un viol, Jessica Palud aurait pu tirer un film beaucoup plus fort. Etonnamment, à aucun moment elle ne cherche à approfondir cette relation toxique engendrée par l’abus de pouvoir d’un certain cinéma d’auteur dont on connaît les mécanismes aujourd’hui. Elle se contente d’enchaîner scolairement les scènes et les dialogues convenus sur le monde du Septième Art, entre hystérie maternelle et déchéance sous l’empire de la drogue.

Matt Dillon en Marlon Brando

Matt Dillon en Marlon Brando et Anamaria Vartolomei dans Maria.

Seule la bonne idée de Matt Dillon en Marlon Brando parvient à faire exister un peu de trouble et de cinéma, au milieu de cet académisme artificiel à la reconstitution aseptisée, au milieu duquel même Anamaria Vartolomei ne parvient jamais vraiment à exister. Alors qu’elle filme Maria Schneider constamment en perdition, Jessica Palud fait en revanche le choix de ne pas montrer le tournage qu’elle dira être son plus heureux : le magnifique Profession reporter de Michelangelo Antonioni avec Jack Nicholson. Etrange.

Anamaria Vartolomei et Céleste Brunnquell.

Elle s’attarde aussi sur la relation fictive et assez anachronique avec une étudiante qui fait son mémoire sur « la place des femmes au cinéma » (toujours épatante Céleste Brunnquel). Comme si elle voulait plaquer des problématiques actuelles pour compenser le manque d’approfondissement de son personnage. Même Yvan Attal, formidable dans le rôle de son père Daniel Gelin, ne fait que passer… Sans véritable point de vue, Jessica Palud aura filmé platement et chronologiquement les événements de la vie de Maria Schneider sans réussir à en dégager un portrait, malgré un splendide casting. Dommage.

Maria de Jessica Palud (Fr, 1h40) avec Anamaria Vartolomei, Matt Dillon, Céleste Brunnquell, Yvan Attal, Stanislas Mehrar… Sortie le 19 juin.

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