Il y a suffisamment de rebondissements chez Dumas pour passer un bon moment devant Le Comte de Monte Cristo. Et il y a suffisamment de beaux acteurs dans cette nouvelle version pour faire passer le temps… par ailleurs quand même bien long.

Car malheureusement cette nouvelle adaptation à la fois trop touffue et très mécanique n’apporte pas grand-chose au plaisir de base du Comte de Monte Cristo. Donc, un valeureux Edmond sauve une femme et se marie avec celle qu’il aime (c’est pas la même, il est très vertueux)… Il n’en faudra pas plus pour déclencher la jalousie et l’envie des autres, dans une série de complots et de trahisons qui n’en finit pas.

Le Comte de Monte Cristo, des sous-intrigues à foison

C’est un des problèmes de ce Comte de Monte Cristo pourtant mené tambour battant : à trop vouloir ourdir de complots et développer chaque sous-intrigue pour mieux l’expliquer, il n’en finit jamais vraiment de commencer…

Bastien Bouillon, Anaïs Demoustier et Pierre Niney au début du film.

L’intrigue historique sur fond de Napoléon sent un peu la naphtaline et l’action reste mécanique et storyboardée sur une musique de Fort Boyard, quand une caméra à l’épaule confuse ne vient pas gâcher le duel final… Chasse, mariages, affaires et dîners mondains, si la forme se veut clinquante entre ciel et mer, les ressorts dramatiques, fidèles au livre, restent malheureusement archi-datés, même si Dumas n’a pas son pareil pour créer un rebondissement (le procès et le dîner aux fantômes, les deux bons moments du film).

Bastien Bouillon et Laurent Lafitte, de beaux salauds

Patrick Mille, Laurent Lafitte et Bastien Bouillon en beaux salauds.

« À partir de maintenant c’est moi qui récompense, et c’est moi qui punis, », annonce le vengeur masqué le plus célèbre de la littérature française. Le problème, c’est qu’il prononce ces mots après plus d’une heure de film, dont une séquence assez gênante en prison avec Pierfrancesco Favino, méconnaissable, entre faux cheveux et fausse barbe du père Fouras… Le reste étale un peu trop longtemps les complots vengeurs et finit par se perdre dans la mièvrerie sentimentale d’intrigues secondaires, flirtant parfois avec le mélo balourd.

Pierre Niney, atout maître du Comte de Monte Cristo

Bref, le roman d’aventures fantastique à la Dumas reste une gageure à adapter. Mais le principal atout de ce Comte de Monte Cristo reste un Pierre Niney étrangement rajeuni au début du film, mais encore plus crédible quand il devient méconnaissable. Son duo avec Anaïs Demoustier fonctionne, même si les rôles féminins sont moins bien servis.

Anaïs Demoustier, un faux premier rôle.

Il a ce mélange unique de vulnérabilité et d’héroïsme, de froideur vengeresse et d’amour romantique, capable d’action aussi bien que de grands sentiments. Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière – scénaristes des Mousquetaires et réalisateurs du Prénom en profitent un peu trop en lui faisant tout faire, du maquillage à la Jack Sparrow au costume d’Arsène Lupin. Dommage que ce Comte de Monte Cristo mité par les sous-intrigues ne soit pas à la hauteur de celui qui reste un de nos grands acteurs.

Le Comte de Monte Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre De La Patellière (Fr, 2h58) avec Pierre Niney, Anaïs Demoustier, Bastien Bouillon, Laurent Lafitte, Patrick Mille, Anamaria Vartolomei, Vassili Schneider… Sortie le 28 juin.

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