C’est une vraie star, qui peut tout jouer. Surtout un prof altruiste, héros de cinéma ordi­naire bien­tôt pris au piège de son empa­thie, accusé de harcè­le­ment par une élève… pour une raison lunaire. Mais dans ce Pas de vagues nerveux et complexe, Julien alias François Civil est aussi un prof un peut trop idéa­liste dans son souci de bien faire, au point d’en deve­nir pénible, y compris pour son mec.

Pas de vagues ne va pas manquer d’en faire

C’est toute l’in­tel­li­gence de ce scéna­rio tiré de l’his­toire vraie du cinéaste et co-écrit avec Audrey Diwan : avoir l’ho­mo­sexua­lité comme angle mort, celle-là même qui a déchaîné certains réseaux sociaux commu­nau­taires avant la sortie du film. Car Julien vit avec Walid (superbe Shaïn Boume­dine), d’ori­gine magh­ré­bine.

Pas de vagues aborde avec justesse les sujets les plus brûlants d’aujourd’­hui, à commen­cer par le renver­se­ment de la vérité par la victi­mi­sa­tion, la lâcheté collec­tive de l’ins­ti­tu­tion scolaire à ne pas vouloir l’éta­blir, l’ho­mo­pho­bie reli­gieuse en l’oc­cur­rence musul­mane ou encore la peur du corps qui conduit à tous les fantasmes nocifs. Il ose trai­ter avec une grande justesse docu­men­taire à l’in­té­rieur du thril­ler la plupart des bombes sociales d’aujourd’­hui, pour mieux les démi­ner.

François Civil un prof gay comme les autres

Altruiste mais pas bien-pensant, Teddy Lussi-Modeste ose regar­der les réali­tés en face dans une sorte de Bac Nord à l’école (déjà co-scéna­risé par Audrey Diwan). A la croi­sée du courage et de la colère, il ne prend pas de gants mais sait compo­ser de véri­tables person­nages en plein dilemme, des jeunes ados plus vraies que nature à une rela­tion entre hommes crédible et jamais cari­ca­tu­rale, même quand elle vacille. Il filme surtout sans mani­chéisme la propa­ga­tion de la rumeur comme un thril­ler, jusqu’à l’es­ca­lade, quitte à être un peu trop démons­tra­tif à la fin.

Mais ce Pas de vagues apporte un coup de frais bien­venu au cinéma français pour nous ouvrir les yeux. Et offre à François Civil un grand rôle ordi­naire, sans doute le plus complexe et le plus réaliste qu’il ait eu à inter­pré­ter jusqu’ici. Comme on l’avait déjà vu chez Klapisch, notre nouveau Bébel est aussi un acteur de compo­si­tion impres­sion­nant. Réjouis­sant.

Pas de vagues de Teddy Lussi-Modeste (Fr, 1h31) avec François Civil, Shaïn Boume­dine, Toscane Duquesne, Mallory Wanecque… Sortie le 27 mars.

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