On n’attendait pas forcément Jeff Nichols, réalisateur pudique de Loving, dans le milieu des gros cylindres masculins à moto. The Bikeriders est même un film qui déçoit en bien, commençant comme le photoreportage de Danny Lyon dont il est inspiré. On s’est dit un instant qu’on allait voir un docufiction sur le quotidien des bikers avec voix off en témoignage et clins d’œil au cinéma américain des années 70.

Benny et Kathy : Austin Butler et Jodie Comer, le couple de l’année

Jodie Comer et Austin Butler en moto. (photos Focus Feature reserved)

Il suffit qu’en une seule scène on voie naître l’amour dans les yeux de Jodie Comer et le petit sourire en creux d’Austin Butler, pour se souvenir qu’on est entre les mains d’un grand cinéaste. The Bikeriders est bien le film le plus violent de Jeff Nichols. Dans son hommage lucide aux « Vandals » des années 60, il n’élude rien des règlements de compte, giclées de sang et embardées californiennes d’un groupe 100% mâle qui contient sa part d’histoire américaine, et sa masculinité toxique.

La violence des bikers du point de vue féminin

Norman Reedus, une certaine idée de la moto…

Une tentative de viol glaçante sonnera le point de rupture dans la relation entre Benny et Kathy. S’il n’élude rien, ce pudique de Jeff Nichols filme toujours du point de vue féminin, jusqu’à une séquence finale de toute beauté. Jodie Comer trouve son plus grand rôle en amoureuse qui n’a pas peur d’exprimer ses émotions sans jamais se laisser faire. Et après Elvis et Dune, Austin Butler confirme qu’il est le plus grand acteur hollywoodien actuel composant un nouveau James Dean, beau gosse impassible à la violence rentrée qui déclenche beaucoup plus d’émotions autour de lui qu’il ne s’autorise à en exprimer.

Bikeriders, un casting d’enfer

Austin Butler et Tom Hardy.

Jeff Nichols ne se contente pas de rendre hommage aux photos de Danny Lyon et à ses films préférés, Scorsese en tête. Même pour camper le simple rôle témoin du photographe Danny Lyon, il choisit le formidable Mike Faist. Au milieu de ce casting d’enfer, il fait vivre dans chaque scène en apparence quotidienne le goût du danger et de la mort, l’obsession jusqu’à l’addiction, la loyauté et l’amitié (superbe Tom Hardy, tout en complexité rentrée), comme la vulnérabilité d’une époque révolue, remplacée par la génération suivante. Un grand film d’époque qui est aussi un grand film d’amour. Un des plus beaux films de l’année.

The Bikeriders de Jeff Nichols (EU, 1h56) avec Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy, Mike Faist, Michael Shannon, Norman Reedus, Karl Glusman… Sortie le 19 juin.

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