On aura rarement vu un jeune pianiste avoir une force de concentration, un dévouement à la musique aussi intenses, en même temps qu’une fougue hors du commun. Et pourtant, Lukas Geniusas ne force pas, ne démontre jamais, il chante tout le temps. Un croisement aussi impressionnant qu’improbable entre la fougue d’un jeune Kissin et la précision de lecture d’un Sokolov. Car une lecture, il en a une, et particulièrement dans Schubert qu’il était déjà venu interpréter à l’Auditorium, dans un jeu décharné et cristallin, loin de tout sentimentalisme. Si son jeu est aussi impressionnant, ce n’est donc pas seulement du fait d’une virtuosité incontestable mais surtout d’une maturité qui laisse pantois, jamais au bénéfice des œuvres les plus faciles. Le programme choisi pour Piano à Lyon est ici à se damner : en plus des plus beaux impromptus de Schubert dont le plus célèbre en sol bémol majeur (entendu dans Trop belle pour toi), il épanchera le lyrisme dont il est tout aussi capable dans des mazurkas et barcarolle de Chopin. Avec, pour l’année Proust qui débute, des valses de la Belle époque de Reynaldo Hahn en interlude. Immanquable.

Lukas Genuisas, piano (Schubert, Chopin, Reynaldo Hahn). Vendredi 15 janvier à 20h30 à Piano à Lyon, salle Molière, Lyon 5e. De 22 à 44 €.