Allez-y, ça dure 4 heures ! Daniele Rustioni avait promis d’ou­vrir chaque saison de l’Opéra de Lyon avec un ouvrage alle­mand, il a tenu promesse. Après la produc­tion SF magis­trale de Tann­haü­ser signée David Hermann l’an passé, voici pour lancer la saison 23–24 un chef-d’oeuvre encore jamais donné à Lyon : La Femme sans ombre de Richard Strauss (1919). Une oeuvre de la grande époque de Strauss, compo­sée entre Le Cheva­lier à la rose et Ariane à Naxos, mais dont le carac­tère « magique » la rendait beau­coup plus insai­sis­sable. Elle ne sera d’ailleurs montée pour la première fois en France qu’en… 1972 !

Sara Jaku­biak est La Femme sans ombre à l’Opéra de Lyon. (photos Bertrand Stofleth / Opéra de Lyon)

L’oeuvre vien­noise la plus folle du réper­toire

Car, loin­tai­ne­ment inspiré d’une liai­son surna­tu­relle à la façon des Fées de Wagner, La Femme sans ombre est un projet complè­te­ment fou, composé pour 110 musi­ciens, et immor­ta­lisé au disque par la Rysa­nek et Karajan. Plus vien­nois, tu meurs… Pour pouvoir la monter à Lyon, il a fallu d’abord que la fonda­tion Richard Strauss en produise une version « réduite » pour 70 musi­ciens, qu’ils puissent tous tenir dans la fosse. C’est le premier événe­ment de cette toute nouvelle produc­tion : propo­ser un nouvel arran­ge­ment de l’oeuvre qui lui permette de circu­ler sur d’autres théâtres de Fran­ce…

Mariusz Trelinski pour la première fois à Lyon

Premières photos de la nouvelle produc­tion de Marius Treliński à l’Opéra de Lyon. (@Ber­trand Stofleth)

Mais c’est surtout la venue de Mariusz Treliński qu’on attend avec impa­tience. Le maître polo­nais, auteur notam­ment d’un splen­dide Tris­tan et Isolde au Met Opera à New York, devrait le sort le plus majes­tueux à la plus wagné­rienne des oeuvres de Strauss. Si Daniele Rustioni voulait de l’al­cool alle­mand à chaque début de saison, avec La Femme sans ombre, il va être servi. Son expres­sion­nisme devrait trouvé un parte­naire de choix au plateau en la personne de Treliński, s’ins­pi­rant notam­ment de Berg­man ou de Lars Von Trier. Malgré les coupes budgé­taires et le coût des grèves, l’Opéra de Lyon n’a rien perdu de son ambi­tion. On s’en réjouit.