On n’entend jamais ou presque en France les grands opéras de Haendel (il en a composé 39 !), mais par contre, il ne se passe pas une saison sans que soit donné Le Messie, une œuvre qui n’a jamais quitté le répertoire depuis sa création en… 1742. Écrit en moins d’un mois avec l’habileté habituelle de son compositeur, The Messiah n’a pourtant rien de l’œuvre officielle que la légende en a fait. Haendel est un peu l’anti-Bach.

Contrairement aux Passions du grand Jean-Sébastien par exemple, ses oratorios étaient destinés à être joués en public dans des salles de concert, par des chanteurs souvent issus du théâtre et de l’opéra. Ils avaient beau (parfois) partir d’un texte religieux (ici la Bible par Charles Jennens), ils étaient d’une certaine façon déplacés à l’église plutôt que prévus pour elle, et les révérends de l’époque n’ont pas manqué de trouver les basses rock’n’roll et les choeurs dansés du Messie franchement inappropriés au lieu, un peu comme du gospel avant l’heure.

C’est à Dublin pour un concert caritatif au profit d’une œuvre de bienfaisance, à la façon des Enfoirés d’aujourd’hui, que Haendel composa son plus grand tube avec l’Hallelujah, alors qu’il venait d’arrêter l’opéra… Une forme de nostalgie pour ce fou lyrique : Le Messie est d’ailleurs structuré en trois parties comme un oratorio profane italien (Prophétie et nativité / Sacrifice de Jésus / Victoire de l’âme chrétienne sur la mort).

La scénographie signée Deborah Warner pour Le Messie. (photos Bertrand Stofleth)

Gospel avant l’heure

Mais l’Hallelujah, si vous l’avez sans doute déjà entendu, vous ne l’aurez jamais vu comme ça, mis en scène par la formidable Deborah Warner, à qui on devait déjà la production de référence de Didon et Enée à Vienne avec les Arts florissants de William Christie.

C’est la saison des marronniers : reprise de 2012, cette production de l’English national Opera déjà donnée à l’Opéra de Lyon ne cherche pas à transformer un oratorio en opéra, mais à rendre vie à une œuvre au souffle débordant. Elle sera aussi reprise au théâtre du Châtelet pour dix jours à partir du 19 janvier, avec les choeurs et orchestre de l’Opéra de Lyon.

Le Messie de Haendel mis en scène par Deborah Warner. Direction musicale Stefano Montanari. Orchestre, choeurs et maîtrise de l’Opéra de Lyon. Du sam 13 décembre au dim 2 janvier 2022 à 19h30 (dim 16h) à l’Opéra de Lyon, Lyon 1er. De 10 à 110 €. Au théâtre du Châtelet à Paris à partir du 19 janvier.