On connais­sait Putain de camion. On connaî­tra main­te­nant Putain de ski. On préfé­rait quand Gaspard Ulliel tour­nait dans la région pour Bertrand Taver­nier (La Prin­cesse de Mont­pen­sier) ou Benoît Jacquot (Eva), que lorsqu’il a eu le malheur de partir skier en Savoie, en famille, avec la discré­tion qui le carac­té­ri­sait, avant qu’une colli­sion l’en­voie en aller simple vers une mort préma­tu­rée des suites d’un trau­ma­tisme crânien au CHU de Grenoble. Il suffi­sait d’avoir vu Juste la fin du monde, le film de Xavier Dolan qui lui valut son César, ou Les Confins du monde de Guillaume Nicloux – peut-être son plus beau rôle – pour voir nous sauter aux yeux sa beauté excep­tion­nelle, à part, avec sa cica­trice d’en­fant qui ne connaî­tra jamais les rides du passage du temps. “Une beauté rare, pas une beauté de maga­zine, mais une beauté mysté­rieuse avec un regard incroyable” comme l’écrit Michel Blanc qui l’avait fait débu­ter dans Embras­sez qui vous voudrez. Une beauté à part, sans narcis­sisme, pour un acteur à part,  “extrê­me­ment inté­rieur, avec une forme de timi­dité qui parti­ci­pait de rareté”. Elle confine aujourd’­hui au manque tragique d’une belle personne.