Quentin Dupieux adore les fausses pistes, les distorsions temporelles et les chausse-trappes scénaristiques, intellectualisant et théorisant l’absurde jusqu’à nous perdre (Réalité, Le Daim). Même dans Au poste !, son meilleur film, il en faisait toujours trop, dans un énième vrai-faux rebondissement théâtral en fin de film. Avec Incroyable mais vrai, la loi du surcasting a encore frappé : Benoît Magimel, toujours prêt à tout, prouve une nouvelle fois qu’il est le meilleur acteur français du moment, et Anaïs Demoustier change enfin de registre, hilarante et méconnaissable. Pour faire face au binôme Alain Chabat et Léa Drucker dont les cachotteries nous faisaient déjà saliver dans un bande annonce efficace.

Alain Chabat et Benoît Magimel cherchant leur direction dans Incroyable mais vrai. (Arte France Cinéma Versus Production)

Flemmard et superficiel

Ne vous attendez pas à grand chose : Quentin Dupieux est un petit malin déguisé en vrai-faux original et le conduit qui mène à la surprise de la cave de ce couple en plein emménagement n’aboutit en réalité qu’à quelques poncifs sur le culte des apparences de notre société (quelle découverte) et le vain mythe de l’éternelle jeunesse (Magimel et son sexe). Evidemment, la révélation de la cave va provoquer une réaction aux antipodes de la part des deux époux quant au sentiment du temps qui passe (re-découverte) et le sentiment – ou non – de ce qu’on a déjà vécu… Ce qui procure un certain plaisir aux acteurs relativement contagieux, mais limite un point de départ prometteur à un nouvel objet théorique flemmard et superficiel, se prenant toujours autant au sérieux. Ni drôle, ni émouvant, sans jamais approfondir ses personnages, Incroyable mais vrai finit par tourner franchement tourner en rond, même sur une heure et quart. Une forme de performance. Pour un autre avis, positif, lire la critique de Luc Hernandez. E.B.

Incroyable mais vrai de Quentin Dupieux (Fr-Bel, 1h14) avec Anaïs Demoustier, Léa Drucker, Benoît Magimel, Alain Chabat… Sortie le 15 juin.