Il peut y avoir un plaisir pas forcément coupable à déguster un bon navet pour Noël. A condition d’être patient en ce qui concerne Glass Onion, la suite interminable (2h17, ressenti 3h44) du formidable A Couteaux tirés… Mais toujours avec Daniel Craig.

Fini le vintage, nous voici dans le monde hyper hype du super-connard milliardaire Miles Bron (rien à voir avec la ville) et son « Glass Onion« , repaire de verre pour ultra-riche à la façon du James Bond d’Octopussy. Sur son île grecque, Edward Norton – qui a pris cher, vous comprendrez pourquoi à la moitié du film – s’en donne à coeur-joie avec la guitare de Paul McCartney et La Joconde dans son salon (vous aurez droit à une explication pour les nuls du mystère de son sourire). Nouveaux riches, vieilles recettes, ça part dans tous les sens au début de ce Glass Onion, afin de nous présenter un casting renouvelé 100% américains le plus souvent dans leurs propres rôles (le basketteur Kareem Abdul-Jabbar ou le catcheur Dave Bautista, en pleine gonflette de stéroïdes anabolisants). Personne de vraiment connu du grand public français en second rôle, c’est la première déception de cette suite ratée d’A couteaux tirés. A part le caméo d’un certain Hugh Grant (en mec de Daniel Craig !), et l’arrivée en star d’une certaine Janelle Monae (superbe actrice déjà vue dans Moonlight ou Les Figures de l’ombre), là aussi vous comprendrez pourquoi…

Edward Norton milliardaire dans son Glass Onion sur Netflix.
Edward Norton, le super-connard de Glass Onion.

« Il est temps d’en finir avec ce jeu ridicule » (Daniel Craig)

Au début, on ne comprend rien à cette intrigue multiple en pur prétexte, et à vrai dire, on s’en fout : la première partie de ce Glass Onion n’est qu’un catalogue de la nouvelle panoplie contemporaine du prédateur commercial qu’est devenu Netflix : fausse polémique de « nichons » sur le Twitter d’Elon Musk, un mot pour le « climat » par-ci, un peu de « féminisme » par-là, de financement de campagne d’une sénatrice « pour la différence‘ et de couple gay avec Hugh Grant. Ça sent l’opportunisme à plein nez, d’autant que Rian Johnson en roue libre semble attendre son tour pour la seconde partie, un peu plus resserrée autour d’une véritable intrigue à la Agatha Christie : créer une fausse mort pour trouver le vrai meurtre… Le fric semble ici couler à flots, pour mieux tout casser à la fin (attention spoiler, la maison de verre partira en morceaux, jusqu’au piano…). En fait, la mauvaise idée de Glass Onion, c’était le… Glass Onion ! Ok, tout est au quinzième degré, mais l’ensemble manque sévérement de fun. « Il est temps d’en finir avec ce jeu ridicule » balance Daniel Craig. On est bien d’accord. Le problème, c’est qu’il nous dit ça quand il reste encore… 1h de film ! C’est ce qui s’appelle ne plus en finir… Si la dinde est bonne, vous aurez décroché depuis longtemps. Joyeux Noël !

Glass Onion de Rian Johnson (E.U., 2h17) avec Daniel Craig, Edward Norton, Janelle Monae, Kate Hudson, Kareem Abdul-Jabbar… Disponible sur Netflix. Pour une satire des ultra-riches, mieux vaut voir Sans filtre de Ruben Östlund, ou la saison 2 de White Lotus sur OCS.

Janelle Monae la star en robe de soirée dans Glass Onion, une histoire à couteaux tirés.
La sublime Janelle Monae vous souhaite un joyeux Noël !