La recons­ti­tu­tion histo­rique, superbe, indique la période. Mais la phrase « il paraît que le Chleuh qui ressemble à Char­lie Chaplin a envahi la Pologne » ne laisse plus de doute : nous sommes en septembre 1939. On se plaint aujourd’­hui du climat, mais à cette période il pleu­vait tout le temps, si bien que tout le début se passe dans la gadoue. Un homme, dont on soupçonne qu‘il fuit son passé, est embau­ché par une fête foraine de type Freaks (femme arai­gnée, nain, homme en caou­tchouc) pour plier le maté­riel, vu que la pluie tombe. Il ne prononce pas un mot, même quand on lui propose un vrai boulot ou de rattra­per un pauvre ère réduit en escla­vage échappé de sa cage .

Nain et homme en caou­tchouc à la fête foraine de Night­mare Alley.

Brad­ley Cooper tout nu

On se demande si Guillermo del Toro, réali­sa­teur ciné­vore, n’a pas décidé de rendre hommage au cinéma muet, jusqu’au moment où l’homme, Stan­ton Carlisle (Brad­ley Cooper, magné­tique) se met à parler. A partir de là, il mènera une irré­sis­tible ascen­sion dans le monde du spec­tacle, se liant à une voyante, à son mari menta­liste et sédui­sant Mollie la fille qui se fait élec­tro­cu­ter sur commande (il a plus de mal avec Bruno, l’homme le plus fort du monde).

Rooney Mara et Brad­ley Cooper quand ils tombent en amour…

Il part avec Molly (Rooney Mara, coup de foudre évidem­ment) pour un spec­tacle de menta­liste dans des hôtels new-yorkais, qui le diri­gera direc­te­ment vers l’es­croque­rie de riches et dans les bras d’une femme mani­pu­la­trice et fatale (Cate Blan­chett) de type Vésuve en blonde. Ce film noir, d’un clas­si­cisme aussi jouis­sif qu’ap­puyé, est un conte moral où l’on voit Brad­ley Cooper tout nu, contrai­re­ment à l’âme de son person­nage.

Cate Blan­chett en femme fatale.

Night­mare Alley de Guillermo del Toro (E-U-Mex, 2h30) avec Brad­ley Cooper, Rooney Mara, Toni Colette, Cate Blan­chett, Willem Dafoe… Sorti le 19 janvier.

Pour un avis diffé­rent (on se prend pour Télé­rama !), mais pas tant que ça, lire aussi l’autre critique de Luc Hernan­dez.