Le cinéma Les Alizés à Bron fête le cinéma français à travers des films les plus singu­liers les uns que les autres, une batte­rie d’avant-premières en présence de nombreux invi­tés comme le veut la tradi­tion de la place to be du cinéma fren­chy. On a pu voir trois (beaux) films en avant-première pour vous mettre l’eau à la bouche.

Annabelle Lengronne avec ses enfants dans le bus dans Un petit frère.
Anna­belle Lengronne et ses enfants dans Un petit frère de Léonor Saraille.

Un petit frère de Léonor Saraille

Après Jeune femme, son beau premier film, Léonor Saraille signe un second long-métrage encore plus ambi­tieux, portrait d’une famille immi­grée origi­naire de Côte d’Ivoire sur plusieurs dizaines d’an­nées. A la façon du Boyhood de Richard Link­la­ter mais dans un contexte on ne peut plus français, on voit gran­dir ce “petit frère” de la fin des années 80 à aujourd’­hui. Il ne devien­dra le person­nage central qu’en fin de film, lorsqu’il sera devenu ensei­gnant (magni­fique Ahmed Sylla).

Léonor Saraille ose faire un film choral sur celui qui est resté à l’ombre d’une mère courage parfois écra­sante (extra­or­di­naire Anna­belle Lengronne, lumi­neuse et comba­tive, obsé­dée par une réus­site factice pour son fils) et d’un frère délinquant. C’est le prix de l’éman­ci­pa­tion fami­liale et sociale qu’elle filme, cette quête d’une “joie sans cause” dont parle Flau­bert à l’école, qui ne peut s’ac­qué­rir que par une forme d’éloi­gne­ment à l’in­té­rieur même de la famille.

Quand sa mère veut encore s’oc­cu­per de sa coupe de cheveux ou de son mariage, son enfant devenu grand lui répon­dra simple­ment : “c’est pas prévu”. Ce beau film sera resté atten­tif tout du long à ces petits riens qui font la riche huma­nité des gens ordi­naires, désor­mais capables de la véhi­cu­ler autour d’eux. “C’est pas rien, un petit frère” finira-t-il par lire comme une recon­nais­sance tardive de sa place à l’in­té­rieur du foyer. Magni­fique.

Un petit frère de Léonor Saraille (Fr, 1h56), en présence de la réali­sa­trice. Vendredi 27 janvier à 17h. Une autre avant-première aura lieu au Lumière Terreaux, Lyon 1er, lundi 23 janvier à 20h30, en présence de Léonor Saraille et de l’ac­trice prin­ci­pale Anna­belle Lengronne. (sortie le 1er février)

Swann Arlaud sur sa chaise d'arbitre dans Tant que le soleil frappe.
Swann Arlaud dans tant que le soleil frappe de Philippe Petit.

Tant que le soleil frappe avec Swann Arlaud

Suivez la filmo­gra­phie de Swann Arlaud, et vous décou­vri­rez parmi les films les plus singu­liers que peut propo­ser le cinéma français. Après Petit Paysan, Perdrix ou Vous ne dési­rez que moi, voici donc le nouveau film de Philippe Petit, Tant que le soleil frappe, portrait d’un paysa­giste idéa­liste qui voudrait réha­bi­li­ter un place en friche à Marseille en jardin sauvage au beau milieu de la ville. Rien ne se passera comme prévu, et ce sont les luxueux jardins du foot­bal­leur Djibril Cissé (dans son propre rôle) dont il finira par avoir la charge. Comment faire vivre ses idéaux dans la réalité sociale ? Tant que le soleil frappe doit avant tout beau­coup à son inter­prète prin­ci­pal, qui finira par danser de dépit dans une rave au petit matin, en offrant un beau portrait flot­tant de la ville de Marseille.


Tant que le soleil frappe de Philippe Petit (Fr, 1h25) avec Swann Arlaud, Grégoire Oaster­mann, Sarah Adler, Djibril Cissé… Vendredi 27 janvier à 20h30, en présence du réali­sa­teur Philippe Petit. (sortie le 8 février).

Victor Belmondo et Guillaume de Tonquédec bord de lac reflets dans Arrête avec tes mensonges.
Victor Belmondo et Guillaume de Tonqué­dec dans Arrête avec tes mensonges.

Arrête avec tes mensonges avec Victor Belmondo d’après Philippe Besson

Olivier Peyon adapte le livre auto­bio­gra­phique de Philippe Besson dans lequel l’écri­vain retourne sur les terres du Sud-Ouest de son enfance sur les traces de son premier amour gay malheu­reux. Un beau film de trans­mis­sion bles­sée pour surpas­ser le déter­mi­nisme social construit en flash-backs. Avec un Guillaume de Tonqué­dec sobre et convain­cant, dialo­guant à travers les géné­ra­tions avec le jeune Victor Belmondo – petit-fils de Bébel – qui trouve ici son plus beau rôle, aux côtés de la révé­la­tion Julien de Saint-Jean, tout droit sorti des Roseaux sauvages d’André Téchiné, auquel le film ne manque pas de rendre hommage. Lire notre critique complète et conquise.

Arrête avec tes mensonges d’Oli­­vier Peyon (Fr, 1h38). Dimanche 29 janvier à 20h en présence du réali­sa­teur et des comé­diens Julien de Saint-Jean et Jérémy Gillet. (sortie le 22 février)

31 e édition de Drôle d’en­droit pour des rencontres. Du vendredi 27 au dimanche 29 janvier au cinéma Les Alizés à Bron, avec aussi Toi non plus tu n’as rien vu de Béatrice Pollet, film inté­res­sant sur le déni de gros­sesse avec Maud Wyler, et d’autres rencontres et avant-premières.