Nina et le secret du héris­son est à la fois un polar pour enfants et un conte adoles­cent initia­tique aux couleurs enchan­te­resses. Vous souhai­tiez dès le départ mêler les deux ?

Alain Gagnol : « Oui, pour ce film-là, ça s’est passé de façon très fluide. J’avais l’his­toire du père et de sa fille et des person­nages très dessi­nés. Ensuite on déve­loppe les choses ensemble avec Jean-Loup Feli­cioli, lui pour la partie graphique, moi pour l’his­toire. On voulait vrai­ment faire un film de casse pour enfants, avec tous les codes du polar : le secret, le repé­rage, la surveillance, le passage à l’acte et… la colère sociale.

Nina et son ami Mehdi en plein polar sous la lune.

Vous aviez aussi dès le départ l’idée du héris­son comme un élément graphique en noir et blanc qui vient titiller l’uni­vers de la petite Nina ?

Oui, on essaie toujours de faire des dessins animés pour les enfants dès 4–5 ans, tout en déve­lop­pant diffé­rents niveaux de lecture pour toute la famille. Avec nos petits moyens, on souhaite vrai­ment faire du cinéma grand spec­tacle, y compris en rendant comme ici un hommage au cinéma muet des années 30 qu’on a toujours appré­cié. On aime mélan­ger les genres et les univers visuels, comme ici les couleurs de la nature oppo­sées au monde grisâtre de l’usine.

Nina et Mehdi dans les couleurs de la nature pour prépa­rer leur casse.

Vous travaillez à Valence, vous avez été formé à l’école Emile-Cohl à Lyon. Quelles tech­niques de dessin utili­sez-vous et quelle est la spéci­fi­cité à vos yeux de l’ani­ma­tion à la française ?

Avec Nina et le secret du héris­son, c’est la première fois qu’on travaillait l’ani­ma­tion sur ordi­na­teur. Mais tous les dessins ont été faits à la main. Les dessins animés japo­nais ou améri­cains sont vrai­ment extra­or­di­naires mais ils ont souvent des graphismes assez proches entre eux. Ce qui me frappe en France, quand je regarde par exemple les diffé­rents films d’ani­ma­tion qui vont sortir cet automne, c’est l’ex­tra­or­di­naire créa­ti­vité graphique. Il n’y a pas vrai­ment un univers qui ressemble à un autre.

Nina et son papa qui lui lit des histoires (avec la voix de Guillaume Canet).

Comment choi­sis­sez-vous les voix pour le doublage, comme celles d’Au­drey Tautou, Guillaume Canet ou Guillaume Bats à qui le film est dédié ?

Il ne s’agit pas de doublage juste­ment ! On déve­loppe les dessins en cours de produc­tion à partir des voix. Audrey Tautou et Guillaume Canet étaient parfaits pour les parents, et on a tout de suite pensé à Guillaume Bats pour la voix du héris­son, dont on adore l’hu­mour. Il s’est tout de suite pris au jeu et je suis sûr qu’il aurait adoré conti­nuer le travail, pourquoi pas dans une suite. On regrette qu’il n’ait pas pu voir le film fini avec nous. »

Nina et le secret du héris­son d’Alain Gagnol et Jean-Loup Feli­cioli (Fr, 1h17). Dessin animé avec les voix d’Au­drey Tautou, Guillaume Canet, Guillaume Bats… Sortie le 11 octobre.