Meilleur film, meilleur scénario, meilleure réalisatrice, meilleure actrice et meilleur montage… La grand-messe du cinéma est dite : Anatomie d’une chute continue son succès phénoménal (1,6 millions d’entrées) en raflant tous les Césars importants. Film-phénomène qui offre à la fois une relecture psychique du film de procès et l’anatomie d’un couple en pleine séparation, Anatomie d’une chute aura su parler à tout le monde en restant on ne peut plus singulier. Avec la révélation en France d’une grande actrice allemande, Sandra Hüller. Le lobbying a su se faire discret mais efficace depuis le discours cannois polémique de Justine Triet. Pas d’embardée cette fois, le film est bien en course pour les Oscars, pour lesquels il a toutes ses chances.

Des Césars au féminin même pour le film étranger

Mona Chokri récompensée du meilleur film étranger pour Simple comme Sylvain.

Quand l’Académie des Césars faisait encore consensus il n’y a pas si longtemps pour défendre et voter Roman Polanski (c’était en 2020), elle salue unanimement aujourd’hui l’exceptionnelle vitalité de la production féminine, jusqu’au très beau César du meilleur film étranger décerné au très beau Simple comme Sylvain de Mona Chokri, s’excusant de voler la vedette à Christopher Nolan dans l’assistance.

Raphaël Quenard, la révélation des Césars

Raphaël Quenard dans Yannick.

Ne restaient alors que des miettes pour saluer l’incontournable Raphaël Quenard en meilleure révélation masculine, dont la spontanéité à mis le feu à l’Olympia comme il se doit. Et des lots de consolation pour les deux autres films les plus nommés : Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, qui sur le beau thème de la justice restaurative nous avait un peu déçus, mais a valu à Adèle Exarchopoulos un César de meilleur second rôle amplement mérité.

Déception pour Le Règne animal

Film le plus nommé dans toutes les catégories, Le Règne animal ne repart qu’avec des Césars techniques (dont la meilleur musique), même s’ils sont au nombre de cinq. Le film de Thomas Caillet fait sans doute les frais de son originalité hybride (il a d’ailleurs reçu le César des meilleurs effets visuels), et de la concurrence féminine, à commencer par celle de Justine Triet, au film plus abouti.

On se console enfin avec le César du meilleur acteur masculin, remis à l’inattendu Arieh Worthaler pour Le Procès Goldman, grand film politique de Cédric Kahn dont la froideur procédurière aurait pu rafraîchir les votes. Tant mieux pour lui.

Judith Godrèche, les mots pour le dire

Si la chanson engagée au hukulélé d’Agnès Jaoui et le lyrisme de remettante de Binoche ont fait flop et cassé le rythme de la fin de soirée, Judith Godrèche est venue délivrer son message digne et ferme contre la culture du viol, particulièrement répandue dans le milieu du cinéma, avec des mots qui sonnaient juste. « Depuis quelque temps je parle, je parle, mais je ne vous entends pas » disait-elle en regardant l’assistance. « Pour se croire, encore faut-il être cru. Osons dire tout haut ce que l’on sait tout bas. » Visiblement, elle aura été entendue pour ce qu’on espère être une véritable prise de conscience. Pourvu que ça dure, comme l’extraordinaire qualité et variété de la production cette année.

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