La Favo­rite, avec cette diablesse d’Emma Stone

Avant Pauvres Créa­tures, Yorgos Lanthi­mos offrait déjà à Emma Stone le rôle de La Favo­rite, servante mani­pu­la­trice et retorse qui va séduire et abuser de la reine Anne. Intrigues de cour, hysté­rie et saphisme, la folie histo­rique et les cadrages au grand angle de Lanthi­mos sont déjà là, comme la cruauté de la satire, avec sexe, humi­lia­tion et vomis­se­ments. Et surtout trois grandes comé­diennes, Rachel Weisz bala­frée et la révé­la­tion Olivia Colman, qui reçut pour l’oc­ca­sion l’Os­car de la meilleure actrice.

La Favo­rite de Yorgos Lanthi­mos (2019, Irl-GB-EU, 1h58) avec Emma Stone, Olivia Colman, Rachel Weisz, Nicho­las Hoult, Joe Alwynn… Dispo­nible sur Netflix et Disney +.

Ameri­can Psycho, le premier grand rôle de Chris­tian Bale

Un film de femme sur l’homme toxique moderne tel que Bret Easton Ellis en avait écrit le proto­type des années 80. Hyper sexy, hyper froid, hyper violent, Chris­tian Bale y campe un Patrick Bate­man aussi impres­sion­nant que flip­pant, trader le jour, serial killer avec le dernier sadisme la nuit. Sexe (jusqu’au trio­lisme face à la glace), culte de la perfor­mance, cynisme et nihi­lisme, le cock­tail est déton­nant, jusqu’à l’hor­reur. Quand on voit Chris­tian Bale courir nu pour truci­der sa victime à la tronçon­neuse, on se dit qu’il sera capable de tout jouer. Et c’est ce qu’il fera. Un bon thril­ler du samedi soir, sanglant.

Ameri­can Psycho de Mary Harron (2000, EU, 1h40) avec Chris­tian Bale, Willem Dafoe, Chloé Sevi­gny, Reese Withers­poon, Jared Leto, Justin Théroux… Dispo­nible sur Netflix.

Tomboy, Céline Sciamma dégen­rée

Un des tout premiers films à évoque en France la ques­tion du genre chez les pré-ados, Tomboy le faisait avec une déli­ca­tesse et une subti­lité que n’ont pas toujours eu les autres films de Céline Sciamma (Petite Maman). Comme un garçon, Zoé Héran joue avec liberté des stéréo­types, et incarne une héroïne posi­tive pour assu­mer sa façon d’être. Pion­nier et salu­taire.

Tomboy de Céline Sciamma (2011, Fr, 1h22) avec Zoé Héran, Sophie Cattani, Matthieu Demy… Dispo­nible sur Netflix.

Heat, le chef-d’oeuvre de Michael Mann

Robert De Niro dans Heat de Michael Mann.

Un des plus beaux films jamais tour­­nés à Los Angeles avec des vues impre­­nables sur la ville. Un polar monu­­men­­tal avec les séquences de fusillades les mieux orches­­trées de l’his­­toire du cinéma. La course-pour­­suite entre flic et voyou – un des motifs préfé­­rés de Michael Mann – tient ici des beaux-arts. Le perfec­­tion­­nisme légen­­daire et archi-docu­­menté du réali­­sa­­teur dès la séquence de la l’at­­taque du four­­gon blindé a servi même aux véri­­tables instruc­­teurs de l’ar­­mée améri­­cai­­ne… Ajou­tez De Niro + Pacino (presque jamais ensemble). Durée : 3h. Ressenti : 1h30. Bref, l’oc­­ca­­sion parfaite de faire la nique à un samedi soir d’hi­ver.

Heat de Michael Mann (1995,EU, 2h50) avec Robert De Niro, A Pacino, Val Kilmer… Dispo­nible sur Netflix.

La Piel que habito, un Almo­do­var à part

C’est un des films les plus mal-aimés d’Almo­do­var et pour­tant un des plus beaux. C’est aussi celui des retrou­vailles avec son acteur fétiche, Anto­nio Bande­ras, pour incar­ner un chirur­gien esthé­tique et toutes les obses­sions corpo­relles et psychiques du réali­sa­teur. Posses­sion (jusqu’au viol), échap­pées surréa­listes, polar véné­neux, le plus adulte et le plus person­nel du réali­sa­teur madri­lène.

La Piel que habito de Pedro Almdovar (2011, Esp, 2h) avec Anto­nio Bande­ras, Elena Anaya, Marisa Pare­des… Dispo­nible sur Netflix.

The Big Short, la révé­la­tion Ryan Gosling

Ryan Gosling dans The Big Short.

C’est l’his­toire de la crise des sub-primes, où comment “on” a spéculé sur des prêts immo­bi­liers contrac­tés par des gens qui ne pouvaient pas rembour­ser. Mais vu de l’autre côté. Celui des quelques rares traders malins qui ont parié sur l’ef­fon­dre­ment du marché sous la risée de leurs confrères. Car The Big Short Le Casse du siècle est bien une comé­die… avec Steve Carell avec un air de François Fillon, Chris­tian Bale qui montre toute la palette de son jeu, et un petit nouveau dont ce sera la révé­la­tion : Ryan Gosling.

The Big Short Le Casse du siècle d’Adam McKay (2016, EU, 2h11) avec Steve Carell, Chris­tian Bale, Ryan Gosling… Dispo­nible sur Netflix et Disney +.

Le Vent se lève et Miya­zaki nous emmène avec lui

Fils d’un avion­neur né l’an­née de Pearl Harbour, Miya­zaki se penchait pour la première fois dans ses dessins animés sur des faits réels avec Le Vent se lève. Il traverse le XXe siècle dans les airs et signe une chro­nique histo­rique poignante qui évoque la vie de Jiro Hori­ko­shi, inven­teur des tris­te­ment célèbres chas­seurs zéro, pilo­tés par les Kami­kazes. Avec une profonde empa­thie pour la condi­tion humaine, il nous invite à rêver avec lui, au gré de ses images désor­mais inou­bliables de nuages flot­tants et de champs infi­nis battus par les vents.

Le Vent se lève de Hayao Miya­zaki (2006, Jap, 2h06). Dessin animé. Dispo­nible sur Netflix avec Mon Voisin Totoro

Le Temps de l’in­no­cence, un Scor­sese à redé­cou­vrir

Daniel Day Lewis et Michelle Pfeif­fer dans Le Temps de l’in­no­cence.

Les couleurs explosent, la caméra vire­volte et circule comme dans Casino, et la bande-son emporte tout. Il s’agit pour­tant d’un Scor­sese à part, sans mafieux et sans flingue, déli­cat mélo­drame d’époque, adapté d’Edith Warthon, avec deux des plus beaux acteurs d’aujourd’­hui pour camper cette histoire d’amour où ils ne feront que s’ef­fleu­rer : Michelle Pfeif­fer et Daniel Day Lewis. Un véri­table poème roman­tique.

Le Temps de l’in­no­cence de Martin Scor­sese (1993, EU, 2h19) avec Daniel Day Lewis, Michelle Pfeif­fer, Winona Ryder, Geral­dine Chaplin… Dispo­nible sur Netflix.

Basic Instinct, thril­ler haut de gamme

Michael Douglas et Sharon Stone.

Le jeu de jambes très aéré de Sharon Stone a fait le succès de ce thril­ler véné­neux… inter­dit aux moins de 16 ans à sa sortie. Il y a surtout du Hitch­cock de pur diver­tis­se­ment dans la façon de Verhoe­ven de filmer ce jeu du chat et de la souris, avec la malice sexuelle et l’anti-confor­misme qui le carac­té­rise. Le bon petit film du samedi soir.

Basic Instinct de Paul Verhoe­ven (1992, EU, 2h07) avec Sharon Stone, Michael Douglas, Michael Douglas, Jeanne Trop­ple­horn… Dispo­nible sur Netflix.

Get out, black power !

Daniel Keluuya dans Get Out.

Humo­riste black venu de la chaîne Comedy Central, Jordan Peele signait avec Get Out son premier film, et replaçait la black power au coeur du système holly­woo­dien. Un jeune étudiant black rend pour la première fois visite aux parents de sa petite amie blanche, mais les appa­rences vont s’avé­rer trom­peu­ses… Peele renverse les codes et montre déjà toute la maîtrise formelle dont il sera capable avec Nope. Une joyeuse comé­die horri­fique.

Get Out de Jordan Peele (2017, EU, 1h44) avec Daniel Kaluuya, Alli­son Williams, Cathe­rine Keener… Dispo­nible sur Netflix.