Lundi soir à la Halle Tony Garnier, on y était. Des guitares qui cachent toute la lumière. Des synthés pour traver­ser la brume. Une basse bour­don­nante et une batte­rie qui sonne comme on cloue un cercueil, nul doute, c’est bien The Cure sur scène. Ce qui prend d’en­trée, c’est une voix, celle de Robert Smith. La démarche est alour­die par les années, un peu gauche, la capil­la­rité hirsute est deve­nue grison­nante, mais la voix du chan­teur est restée intacte. Un cri du cœur juvé­nile frappé d’illu­mi­na­tions malgré les quarante années de carrière. Après une première mise en bouche, on est happé par la mélan­co­lie de Picture of You. Ça décape les souve­nirs adoles­cents. 

Robert Smith, seul sur scène entre deux hits de The Cure.
Robert Smith, seul en scène entre deux hits.

De Close to me à Boys don’t cry

Qu’est-ce qui pousse les gens à voir The Cure en 2022 ? Un groupe de la géné­ra­tion du daron (il était à Lille en 1981 en pleine Cure-mania). Déjà les tubes : le groupe enchaîne une tren­taine de titres dont la moitié, au moins, figurent au panthéon de la musique dépres­sive : Love­song, A Forest, Burn, Push. Avant un dernier rappel où le groupe s’offre le luxe de conclure avec Friday I’m in Love, Close to Me, In Between Days, Just Like Heaven et Boys Don’t Cry. Prin­ci­pa­le­ment des morceaux issus de la période cold-wave et du tour­nant pop des années 80’, accom­pa­gnés de quelques inédits comme And Nothing Is Fore­ver. Il se murmure que le quator­zième album studio, Songs of a Lost World, serait terminé. On regrette seule­ment que ça se fasse au détri­ment du premier album Three Imagi­nary Boys, jamais cité et de loin notre préféré (on voulait voir Albert Camus pogot­ter). 

Robert Smith et The Cure à Lyon sur la scène de la halle Tony Garnier.
Robert Smith en commu­nion à la Halle. (photos Exit Mag / Tom Augendre)

2h30 de concert pour un grand groupe de scène

Et puis on l’ou­blie souvent, mais les Cure est un grand groupe de scène. Même si la présence scénique de Robert Smith se limite à chan­ger de guitare, la voix du chan­teur nous retient captives tout du long des 2h30 de concerts. Pour l’oc­ca­sion, les plus vieux ont ressorti le khôl du placard pour le trans­mettre à leur reje­ton. Alors qu’est-ce qui pousse les gens à voir The Cure en 2022 ? Une musique qui a rassem­blé des géné­ra­tions d’ado­les­cents mal dans leur peau. Et même si les années ont passé, c’est aux cica­trices de cette partie-là que Robert Smith conti­nue de s’adres­ser. Il le fait toujours avec la même mélan­co­lie. Une mélan­co­lie salva­trice. 

The Cure. Lundi 7 novembre 2022 à 20h à la Halle Tony Garnier, Lyon 7e.

Un spectateur de la halle Tony Garnier qui ressemble à Robert Smith.
Quelqu’un dans la foule qui nous rappelle quelqu’un… (photos Exit Mag / Tom Augendre)