Il y a une véritable maestria visuelle et beaucoup de belles idées dans The Creator : vaisseaux, rayons laser dans le ciel désolé, créatures IA trouées par les oreilles, rescapés handicapés et bombes humaines et « paradis » espéré… Gareth Edwards réussit un impressionnant mélange de réalisme façon relecture de la guerre du Viêt-Nam et trip visuel SF. John David Washington est le seul survivant (amputé) d’une attaque nucléaire en lutte face aux soldats bioniques de l’intelligence artificielle… Et l’enfant cyborg qui tue est aussi une belle idée de départ, mais qui se transforme rapidement en enfant qui pleure pour une dernière partie au mélo assez forcé et interminable.


Voltige à la Blade Runner au milieu des buildings, cascade de voiture sous un tunnel à la Tenet, le réalisateur de Rogue One connaît le cinéma par coeur, et le digère dans un exercice de style très maîtrisé dans les séquences pris une à une, mais beaucoup plus problématique et indigeste sur 2h15… Les paysages naturels recomposés par la science-fiction sont souvent de toute beauté, mais noyés au milieu d’un scénario édifiant et longuet, pour aboutir à quoi ? C’est toute la question…

The Creator, un film de propagande du PC chinois ?
Car chaque chapitre familial (« The Creator« , « l’enfant« , « la mère« …) est sous-titré en chinois, et ce n’est pas seulement pour conquérir le marché chinois comme le fait désormais régulièrement Hollywood : la fable sur le progrès et la conquête technologique à travers « l’enfant » du futur au mépris des classes laborieuses filmées comme un peuple sacrifié et anonyme avec la dernière complaisance (jusqu’au reflet de la bombe nucléaire dans les lacs de riz) ne correspond ni plus ni moins qu’à la propagande du Parti Communiste chinois actuel.

Et là soudain, si l’on tient volontiers Gareth Edwards comme un très bon cinéaste cinéphile, on se demande ce que l’on vient de voir… même si ça peut toujours vous divertir (puis vous endormir) un samedi soir…
The Creator de Gareth Edwards (EU, 2h15) avec John David Washington, Madeleine Yuna Voyles, Gemma Chan, Ken Watanaba… Sortie le 27 septembre.
