Allons droit au but : oui, le nouveau Albert Dupon­tel risque de déce­voir les fans de la première heure. Moins noir, moins trash, moins poli­tique­ment incor­rect qu’un Bernie ou un Enfermé dehors, notre cynique préféré aurait-il vendu son âme à la bien­séance ciné­ma­to­gra­phique depuis ses derniers succès ? N’al­lons tout de même pas jusqu’à pous­ser mémé dans les orties.

S’il n’est pas exempt de défaut, Adieu les cons est un Dupon­tel pur jus bien corsé, infusé comme à chaque fois d’une esthé­tique pop et déli­rante de bande-dessi­née. Avec cette cavale d’une femme à la recherche de l’en­fant dont elle accou­ché sous X 30 ans plus tôt, accom­pa­gnée d’un expert infor­ma­tique suici­daire et soupçonné à tort de tenta­tive de fusillade, le réali­sa­teur mêle à merveille la comé­die au déses­poir le plus tragique dans des gags dont l’hu­mour noir est rare­ment gratuit.

Virginie Efira et Albert Dupontel dans Adieu les cons

Flicage géné­ral

Il s’en donne même à coeur joie d’un bout à l’autre du film pour régler ses comptes avec les forces de l’ordre accu­sées de toutes les violences, comme d’abu­ser des tirs de flash­ball (toute ressem­blance avec des faits réels n’est abso­lu­ment pas fortuite). La machine admi­nis­tra­tive française n’est pas non plus en reste avec ses agents bornés et proto­co­laires et ses services laby­rin­thiques, ni les nouvelles tech­no­lo­gies, tantôt dange­reuses, tantôt merveilleuses au sens propre du terme.

Problème: à force de vouloir critiquer trop de travers de société, trans­for­mant le flicage géné­ra­lisé de la société en sujet latent, le film devient brouillon et le rythme de l’ac­tion finit par s’es­souf­fler.

Virginie Efira et Albert Dupontel dans Adieu les cons

Fleur bleue

Mais la véri­table saveur d’Adieu les cons, c’est la tendresse que Dupon­tel voue à ses person­nages, présente à chaque moment. De la scène d’ou­ver­ture avec un Bouli Lanners en méde­cin qui n’ose pas annon­cer à sa patiente qu’elle est condam­née par la mala­die, à un final aussi déses­péré que révolté dont on ne dévoi­lera rien. Virgi­nie Efira, en mère de l’ombre aimante, est encore une fois à l’aise dans tous les registres et Nico­las Marié est abso­lu­ment déli­cieux et hila­rant en archi­viste aveugle et fleur bleue. Peut-être pas le meilleur des Dupon­tel, Adieu les cons n’en reste pas moins une comé­die bien amère, dyna­mi­tant les habi­tuelles comé­dies françaises bien-pensantes.

Adieu les cons, d’Al­bert Dupon­tel (Fr, 1h27) avec Virgi­nie Efira, Albert Dupon­tel, Nico­las Marié… Sortie le 21 octobre.