Décors de cartes postales en cartons pâte, ambiance suran­née, sens du détail poussé jusqu’à la maniaque­rie, casting surclassé sans oublier une touche d’hu­mour… pas de doute, nous sommes bien dans un film de Wes Ander­son. Avec The French Dispatch, le réali­sa­teur donne libre cours à son amour pour la France autant qu’à ses coquet­te­ries visuelles et à ses récits trop enchâs­sés, lais­sant malheu­reu­se­ment le spec­ta­teur sur le bord de la route. Situant l’ac­tion à Ennui-sur-Blasé, une ville française imagi­naire aux ruelles tortueuses et au métro jumeau de celui de Paris, Wes Ander­son s’amuse à créer une image volon­tai­re­ment pitto­resque – et non dénuée d’iro­nie – de la France des années 60, entre mani­fes­ta­tions étudiantes, bistrot de quar­tier et petits vieux à béret. On a d’ailleurs le droit à une visite guidée de la ville en compa­gnie d’Owen Wilson, jour­na­liste à bicy­clette.

Bill Murray, acteur fétiche de Wes Ander­son.

Lot de conso­la­tion

Mais dès le préam­bule, on comprend que le récit ne sera que trop laby­rin­thique. Débu­tant avec le décès du proprié­taire du French Dispatch, un jour­nal du Kansas installé en France, le film suit les diffé­rentes rubriques du jour­nal comme autant de nouvelles ciné­ma­to­gra­phiques, racon­tées à chaque fois par un jour­na­liste. Problème, chaque récit comporte en lui-même bon nombre de digres­sions, de flash-backs et de chan­ge­ment de prise en charge de la narra­tion, auxquels répondent des chan­ge­ments de style visuel, de la couleur au noir et blanc en passant par l’ani­ma­tion, pour un résul­tat quelque peu indi­geste. Une méca­nique assez froide et désin­car­née, malgré une fantai­sie toujours aussi débri­dée et un feu d’ar­ti­fice visuel qui conso­le­ront malgré tout les fans du cinéaste, tout comme le casting 5 étoiles franco-améri­cain.

The French Dispatch, de Wes Ander­son (Etats-Unis, 1h48). Avec Timo­thée Chala­met, Léa Seydoux, Bill Murray… Sortie le 27 octobre.