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20 ans de Nuits sonores à Lyon ! Avec DARKSIDE, Chilly Gonza­lez, The Bles­sed Madonna, Todd Terje, Mode­rat, cette édition anni­ver­saire s’an­nonce excep­tion­nelle, malgré la défec­tion annon­cée du patron, Laurent Garnier, pour raison de santé…

 Pose ton vendredi ! » Dans d’autres villes que la nôtre, ce conseil s’ap­plique simple­ment à ériger le fameux pont de l’As­cen­sion – le plus beau de tous ces merveilleux ponts prin­ta­niers aux promesses d’éva­sion, de soleil et de bon temps, loin de l’agi­ta­tion de la ville. Mais pas à Lyon. Non, à Lyon, capi­tale des Gaules mais aussi des musiques élec­tro­niques, le vendredi en ques­tion se passe bien en pleine ville, souvent dans ses inter­stices post-indus­triels les plus inor­ga­niques, réen­chan­tés pour quelques soirs seule­ment. Il sert à se remettre des Nuits 1 et 2 ou bien à prendre des forces pour les Nuits 3 et 4 – parfois même les deux, pour les plus jeunes ou témé­raires d’entre nous. On a tous fait l’er­reur, une année, de ne pas le poser. On a tous regretté. On ne nous y repren­dra pas.

Posez donc votre vendredi, c’est un ordre, et restez à Lyon. Cette année, plus que jamais, Paris, Barce­lone ou Milan atten­dront. Voilà vingt ans qu’une modeste bande de passion­nés façonnent avec un soin déli­rant cette expé­rience festi­va­lière parmi les plus singu­lières qui soit et s’at­tachent à trans­for­mer, le temps d’un week-end de quatre jours, la cité en véri­table mara­thon de décou­vertes et de fête. Vingt ans, putain ! On n’égrè­nera pas ici les grands moments passés – ce serait trop long – mais c’est peu dire que la boîte à souve­nirs déborde déjà. Cette ving­tième édition anni­ver­saire risque bien d’en rajou­ter encore deux ou trois… 

Des jours et des nuits

Cela peut paraître contre-intui­tif, mais depuis quelques années, le programme « de jour » des Nuits Sonores s’est étoffé à un tel point qu’il est devenu l’une des attrac­tions prin­ci­pales de l’évé­ne­ment. C’est encore le cas cette année. De retour dans leur écrin de la Sucrière, ces « Days » en format 16h – 23h nous font sérieu­se­ment de l’œil, notam­ment le Day 3, avec son redou­table combo disco : Todd Terje, suivi de Camion Bazar, en live ! On part donc sur un début de soirée aussi fou que groovy. Et après tout ce petit monde, le grand Dixon s’ap­puiera sur sa tech­nique plus que parfaite pour nous envoyer au para­dis du dance­floor…

Le genre de prog’ qui nous met le smile d’avance. Côté nuit, notre cœur balance tant la program­ma­tion est vaste mais s’il fallait n’en choi­sir qu’une, ce serait la première. Une ouver­ture en grande pompe, avec l’éton­nante artiste sonore et visuelle Mika Oki en fil rouge, qui accueillera entre ses trois sets les lives de Cate­rina Barbieri et Mode­rat avant de céder sa place à Clark puis à l’im­mense Richie Hawtin à 3h, pour un final d’an­tho­lo­gie jusqu’au petit matin. S’il fallait en choi­sir deux, on pren­drait aussi la Nuit 4, pour revoir the Bles­sed Madonna

Mode­rat, sans modé­ra­tion. (photo Birgit Kaul­fuss)

DARKSIDE en quatre à la suite

Les musiques élec­tro­niques et le rock s’en­lacent parfois – et c’est souvent à New-York que ça se passe. On pense évidem­ment à The Rapture et LCD Sound­sys­tem et toute la constel­la­tion de projets sortis sur le label DFA records dans les années 2000. Un peu plus tard, au début de la décen­nie suivante, la rencontre entre le compo­si­teur et produc­teur améri­cano-chilien Nico­las Jaar et le guita­riste rock Dave Harring­ton donne nais­sance au duo DARKSIDE, l’un des plus sublimes ponts entre psyché­dé­lisme et musiques élec­tro­niques. Après une longue pause, le duo est revenu en 2021 avec un nouvel album, Spiral, et a même enfoncé le clou l’an dernier avec Ecdy­sis, un excellent nouveau single…

Autant dire qu’on attend leur retour en concert avec impa­tience, d’au­tant que c’est vrai­ment sur scène qu’ils prennent toute leur mesure. En live, les morceaux s’étirent et prennent litté­ra­le­ment vie, entre moments de grâce où le temps se suspend, solos de guitare à tomber et irré­sis­tibles montées en puis­sance élec­tro. On entre dans la transe. Alors pour donner suite à leur pres­ta­tion de 2014, restée dans toutes les mémoires, les orga­ni­sa­teurs ont invité le duo à se produire cette fois quatre fois d’af­fi­lée, sous la verrière des Subsis­tances, un autre lieu emblé­ma­tique de l’his­toire du festi­val. C’est immanquable.

Chilly Gonzales vien­dra peinard à l’Au­di­to­rium. (photo Alexandre Isard)

Chilly Gonzales en pantoufles

Alors lui, c’est le cool incarné. Le pianiste et produc­teur cana­dien est l’un des musi­ciens les plus courus de la planète, dont on ne compte plus les colla­bo­ra­tions géniales, avec des musi­ciens aussi divers et variés que Feist, les Daft Punk ou Jarvis Cocker. Mais la légende raconte que lors de son premier concert à Lyon, dans les années 2000 au Ninkasi Kao, il y avait moins de quarante spec­ta­teurs dans la salle. Loin de se dégon­fler, le maes­tro en complet peignoir-pantoufles donnera tout et finit dans la fosse avec le public. Il revien­dra même serrer la main à chaque spec­ta­teur présent dans la salle !

Vingt ans plus tard, on l’a revu à maintes reprises dans des salles bien plus combles, y compris aux Nuits Sonores où il était venu en 2019 présen­ter la trilo­gie Piano Solo. Une chose est sûre : sa fougue est intacte ! Les shows de Gonzales se suivent mais ne se ressemblent jamais. Surtout qu’il a livré l’an dernier un disque co-écrit avec Plas­tik­man et Richie Hawtin…   

La « Closing » sans Lolo Garnier

Comme une évidence, ce devait être à Laurent Garnier de donner un point final à tout ça. En même temps, qui d’autre ? Fidèle de Nuits sonores, record­man incon­testé de l’ar­tiste ayant le plus joué sur le festi­val, précur­seur des musiques élec­tro­niques en France et prodige des platines, Laurent Garnier est aussi en pleine actua­lité puisqu’il vient d’an­non­cer la sortie d’un nouvel album, 33 tours et puis s’en vont, à paraître le 26 mai (c’est-à-dire litté­ra­le­ment une semaine après Nuits Sonores). C’est ce qu’on pensait être un aligne­ment parfait des planètes. Malheu­reu­se­ment, il vient d’an­non­cer de devoir suspendre tous ses concerts de l’été pour des raison de santé. Tris­tesse et déso­la­tion. Reste à savoir qui va pouvoir rempla­cer le dieu de nos Nuits. Alexandre Queneau

Les 20 ans des Nuits Sonores
Du mercredi 17 au dimanche 21 mai. La Sucrière, Usines Fagor-Brandt, H7, Le Sucre.
Billets « days » (16h – 23h) de 33 à 37€. Billets « nuits » (22h – 5h) de 20 à 33€. Photo en haut : Brice Robert.

Concerts spéciaux DARKSIDE
Du mercredi 17 au samedi 20 mai, à 20h aux Subs, Lyon 1er. 35€.

Concert spécial Chilly Gonzales + Sarah McCoy
Dimanche 21 mai à 17h à l’Audi­to­rium, Lyon 3e. 34 €.