Diego, un jeune homme fan de Fred Astaire danse devant un mur blanc avec une fragile liberté. Quelques mouve­ments amples, puis une succes­sion de gestes épilep­tiques avant le déses­poir. Sa dialyse l’en­combre comme un boulet autour la cheville.

Le jeune homme attend une greffe. Une greffe de rein qui devrait le sauver. Mais voilà, pour que Diego vive, un donneur doit mourir. Et lors qu’en­fin l’or­gane se libère cette ques­tion qui surgit : pourquoi gref­fer Diego et pas un autre malade ? Qui sauver et comment tran­cher ?

La Réponse des hommes, douleur et misé­ri­corde

Complexe et puis­sant, La Réponse des Hommes est un spec­tacle qui nous place devant un miroir. Le miroir de nos vertus, de nos maux et de leurs contra­dic­tions. La ques­tion centrale – « Qu’est-ce que la misé­ri­corde ? » – traverse les neufs tableaux qui composent la pièce de la drama­turge et metteuse en scène Tiphaine Raffier.

On passe d’un tribu­nal à une soirée de Noël ambiance Festen, d’une confé­rence musi­cale au parloir d’une prison, en même temps qu’on voyage à travers les diffé­rents niveaux de l’in­nom­mable et de la bonté. La douleur n’est jamais gratuite, souvent déran­geante, parfois diffi­cile, mais toujours juste.

Notre besoin de conso­la­tion est impos­sible à rassa­sier

La pièce de Tiphaine Raffier est aussi riche en bonnes idées de mise en scène. On est nu face à cette séquence d’ou­ver­ture cauche­mar­desque, proje­tée en direct sur le mur blanc en même temps qu’elle est jouée sur la scène. Ou ces alarmes qui ponc­tuent chaque tableau.

Pour les intro­duire, une formule appa­raît à l’écran « donner à manger aux affa­més », « vêtir ceux qui sont nus », « assis­ter les malades ». Celles-ci proviennent des œuvres de la misé­ri­corde de la Bible dont Tiphaine Raffier s’est inspi­rée. Au terme d’une scène parfai­te­ment choré­gra­phiée devant des formules abstraites, c’est fina­le­ment sur ce même écran que Diego apprend la nouvel­le… L’al­go­rithme déci­dera.


La Réponse des Hommes de Tiphaine Raffier. Jusqu’au samedi 12 février à 19h (dim 15h) au TNP à Villeur­banne, grand théâtre Roger Plan­chon. 3h20 (avec entracte). De 14 à 25 €.

Toute la troupe de Tiphaine Raffier. (photos Simon Gosse­lin)