Deux mois à peine après la grande fresque du Dernier duel (lire notre critique) , Ridley Scott montre toute l’éten­due de son talent en chan­geant tota­le­ment de registre, pour une farce sur l’em­pire Gucci, qui frise le bon goût sans jamais y tomber. Car il s’agit bien d’une satire, menée tambour battant sur un best of des plus grands tubes des années 80–90, de Milan à New York. Déca­dence à tous les étages mais point de gran­deur dans cette famille d’idiots et de monstres froids, portés par deux oncles haut en couleurs qui vont répar­tir l’hé­ri­tage : Jeremy Irons, distant et mali­cieux et un Al Pacino en grande forme, chaleu­reux mais bien­tôt floué…

Adam Driver et Lady Gaga, couple ciné­ma­to­gra­phique parfait

Le luxe n’est qu’ap­pa­rence et la famille une malé­dic­tion. En mora­liste désin­volte, Ridley Scott filme l’his­toire vraie de cette parve­nue mariée à un fils resté à part, avec un cynisme à la fois résolu et amusé, de la première passion de ce jeune homme un peu trop intro­verti à la haine de classe quand l’em­pire s’ef­fon­drera autour da la pronon­cia­tion du divorce. Le couple ciné­ma­to­gra­phique entre une Lady Gaga toujours aussi à l’aise, navi­guant entre beauté et laideur, racines popu­laires et ambi­tion lucide, et un Adam Driver énig­ma­tique, toujours en retrait mais restant le fils le plus orgueilleux de la famille, fonc­tionne parfai­te­ment. C’est ce qui fait tout le sel de ce soap opera ciné­ma­to­gra­phique parfait pour un samedi soir, ne prenant jamais la tragé­die fami­liale au sérieux, et main­te­nant pour autant en perma­nence ses acteurs dans l’am­bi­va­lence, jusque dans les seconds rôles (avec notam­ment notre Camille Cottin natio­nale). L’iro­nie de la BO jusqu’au moment du procès final en est la plus parfaite illus­tra­tion.

House of Gucci de Ridley Scott (EU-Can, 2h37) avec Adam Driver, Lady Gaga, Al Pacino, Jeremy Irons, Jared Leto… Sortie le 24 novembre.

Ridley Scott sur le tour­nage de House of Gucci (Fabio Lovini pour la Metro). Il est désor­mais en train de tour­ner Napo­léon avec Joaquin Phoe­nix.