C’est le chef-d’œuvre absolu de Fede­rico Fellini, moins amer et plus lumi­neux que La Dolce Vita. En atten­dant les souve­nirs d’en­fance en Tech­ni­co­lor d’Amar­cord qu’il tour­nera dix ans plus tard, le cinéaste italien signe en 1963 l’au­to­bio­gra­phie d’un cinéaste adulte en pleine crise de créa­tion. « Je voulais faire un film honnête, sans triche­rie, simple  » dit Marcello, son alter ego dans le film. « Au lieu de ça je me retrouve en pleine confu­sion à ne rien pouvoir enter­rer des mensonges. Le bonheur consiste à dire la vérité sans que personne dut en souf­frir. Pourquoi ça n’a pas marché ? Pourquoi toute cette tris­tesse ?  » ajoute-t-il. Mais là où La Dolce Vita se concluait sur une amer­tume, comme le note son biographe Tullio Kezich, Huit et demi conjure les doutes de son person­nage par une « toni­fiante explo­sion de génie  ». Bref, c’est le film culte de Fellini et Mastroianni et c’est sans doute pour ça que l’Ins­ti­tut Lumière a choisi d’ou­vrir 2022 dans la blan­cheur imma­cu­lée de Huit et demi avec une confé­rence à la clé, dans le cadre de la rétros­pec­tive Marcello Mastroianni qu’on vous avait déjà présen­tée en novembre.

Mastroianni et Fellini sur le tour­nage de 8 1/2.

Le chef-d’oeuvre du couple Fellini et Mastroianni

Prince de l’ar­chi­tec­ture au cinéma, Fellini y invente un art poétique à l’ins­pi­ra­tion visuelle épous­tou­flante, que le noir et blanc rend para­doxa­le­ment encore plus moderne aujourd’­hui. Huit et demi déborde de tendresse et de lumi­no­sité, se termi­nant sur un petit enfant qui joue du pipeau en hommage au cirque et au music-hall qui ont traversé toute l’œuvre du cinéaste, sur la musique de Nino Rota. Réso­lu­ment opti­miste, c’est aussi et surtout un conte philo­so­phique sur la quête du bonheur, récit d’une renais­sance amou­reuse et artis­tique, le film le plus blanc de l’his­toire du cinéma, irra­diant de candeur s’ou­vrant par une des plus belles scènes surréa­listes jamais tour­née au cinéma. Avec en prime l’ap­pa­ri­tion de Clau­dia Cardi­nale en femme éter­nelle, ce qu’elle n’a jamais cessé d’être. Bref, le plus beau film pour (re)décou­vrir ce qu’est le cinéma. L.H.

Otto e Mezzo de Fede­rico Fellini (1963, It, 2h18) avec Marcello Mastroianni, Clau­dia Cardi­nale, Anouk Aimée… Soirée Marcello Mastroianni et Fede­rico Fellini avec Jean A. Gili jeudi 6 janvier à l’Insti­tut Lumière, Lyon 8e. 18h30 confé­rence suivie d’une dédi­cace de ses livres. 20h30 : projec­tion de Huit et demi.