Cette version alter­na­tive de Batman suit la même lignée que celle de Joker. Celle du film noir et torturé. « Je ne suis pas dans l’ombre, je suis l’ombre », annonce à un moment le Cheva­lier noir… Le milliar­daire Bruce Wayne (Robert Pattin­son) en est à sa deuxième année d’exer­cice en tant que Batman (toujours Robert Pattin­son qui réus­sit avec brio sa muta­tion de vampire à chauve-souris). Une série d’as­sas­si­nats d’hommes riches et puis­sants, perpé­trés par un mysté­rieux inconnu masqué, endeuille Gotham City, déjà tota­le­ment véro­lée par la crimi­na­lité et la corrup­tion. Batman mène l’enquête, comme dans un bon vieux polar noir, en déchif­frant des messages cryp­tiques dignes de Da Vinci code. Tout en n’omet­tant pas de mettre de bonnes mandales aux méchants. L’am­biance évoque parfois celle de Seven de David Fincher : il fait tout le temps nuit, et souvent il pleut.

Zoé Kravitz défie Robert Pattin­son sous cape.

Zoé Kravitz prépare sa vengeance en Catwo­man

Loin de l’image habi­tuelle du rentier en tenue de soirée et coupe de cham­pagne, Bruce Wayne ressemble plutôt à Robert Smith des Cure teinté d’Edward aux Mains d’argent (tiens, Tim Burton…). C’est dire s’il souffre d’être orphe­lin dans une demeure gothique qui semble avoir été impor­tée des Carpates. Sa Bat-cave évoque une casse auto­mo­bile reliée au tout-à-l’égout. Son costume blindé, beau­coup moins acces­soi­risé que d’ha­bi­tude, lui sert essen­tiel­le­ment à assu­mer ses pulsions de vengeance. Voilà le nœud du film, la vengeance : celle de l’as­sas­sin psycho­pathe, celle de Catwo­man (Zoë Kravitz), et celle d’une popu­la­tion de l’ombre radi­ca­le­ment anti-élite, de style attaque du Capi­tole. Crépus­cu­laire, comme on dit.

The Batman de Matt Reeves (EU, 2h56) avec Robert Pattin­son, Zoë Kravitz, Paul Dano, Jeffrey Wright, Colin Farrell… Sortie le 2 mars.