On est parfois obligé de deman­der où certains sont allés cher­cher le nom de leur nouveau restau­rant. Contrai­re­ment à nos allé­ga­tions tenant de la pêche à la ligne : rien à voir avec l’eau qui bouille ou avec l’élé­gant verbe tzigane bouilla­ver.

Les patrons Camille et Clément, se rappellent que l’en­seigne est issue d’une soirée de travail arro­sée où chacun trou­vait sympa d’avoir une bonne bouille. On a échappé à « tronche de cake », qui faisait pour­tant plus dessert. Ce tout nouveau bistrot, élégant mais sans osten­ta­tion, rappelle certains établis­se­ments pari­siens.

Bistrot Bouille, menu déjeu­ner la serviette au cou

Les serviettes sont en bon tissu imma­culé, les banquettes en orange quasi Hermès, et lorsque vous deman­dez ne serait-ce qu’une cuillère, elle vous est appor­tée sur un plateau. On évoquera unique­ment le menu déjeu­ner, même si le soir on sert des tapas à l’apé­ri­tif en fin de semaine. Les idées de plats et le style restent dans le clas­sique serviette autour du cou, mais moder­nisé.

On ne parle pas de tuning mais de bonnes idées comme l’an­guille fumée incor­po­rée aux tradi­tion­nels poireaux vinai­grette, ou l’œuf à la coque dans lequel on trempe des mouillettes de polenta au comté. Ce jour là, on n’a pas pu accé­der à la pièce du boucher et pommes pont-neuf (des frites modèle XXL, comme les doigts d’un terras­sier).

Le Bistrot Bouille, l’es­prit crémeux et beurré de Paris

Le type chargé d’ins­tal­ler la hotte d’ex­trac­tion avait confondu conduit en alumi­nium et papier à choco­lat, de quoi créer un nuage de steak dans la salle. D’où notre filet de truite (de l’Isère), dense crème de pomme de terre et ravi­gote au raifort. Bonne cuis­son, goûts marqués et beau­coup de sauce.

C’est cet esprit crémeux, beurré, radi­ca­le­ment hiver­nal qu’on a retrouvé dans la plupart des plats, bien habillés pour un hiver North­face. La poêlée de cèpes au lard de Colon­nata procède égale­ment de ce qu’on pour­rait quali­fier de cuisine fauteuil.

Noël pari­sien et pavlova aux prunes

On est assis profond, le chat ronronne sur vos genoux, mais on a du mal à se rele­ver. Le chef Olivier n’uti­lise pas vrai­ment le réper­toire des acides, même si on a appré­cié l’équi­libre et la puis­sance de son tarama à parta­ger (très géné­reux, il faut vrai­ment au moins être deux sur le coup).

Il y avait aussi du boudin blanc au Bistrot Bouille, comme pour un Noël pari­sien, avec du riz pilaf, un peu trop cuit comme chez mémé, dans une sauce suprême (beurre, crème farine). On termine par une bonne pavlova aux prunes (crème, meringue), pistache, citron vert et un bon café bien serré. On est bien sous la couette. On y retour­nera.

Bistrot Bouille. 92 rue Pierre Corneille, Lyon 3e. Ouvert du lundi au vendredi au déjeu­ner et du mercredi au vendredi jusqu’à 21h en confi­gu­ra­tion apéro tapas. Formule : 22 €. Menu : 27 €. A la carte, comp­ter au moins 40 €. Verre de beaujo­lais blanc (Piron) : 6, 50 €. Vins à partir de 34 €.