Au moment où un ami nous rappe­lait que la rue Duquesne est une contre­pè­te­rie, au 26 bis de la même rue s’ou­vrait Rosa. Ce tout nouveau restau­rant remplace FG, comme Fabrice Gara­be­dian. Inutile tomber en larmes, FG est désor­mais chef chez la toute proche trat­to­ria Nano.

Voilà pour notre minute Lyon People… Le restau­rant a perdu son côté cuisine provençale, mais a gagné deux bons chefs qui ont de la person­na­lité. Nico­las Pujo et Arthur Jacques travaillent dans l’ému­la­tion, alter­nant indif­fé­rem­ment le pilo­tage du salé et les desserts dans un esprit bistrot contem­po­rain.

Une flèche, une cible, pas de tortillages en jupe à volants. Un bon bistrot, quoi. Par exemple au menu du jour, il y avait une salade de coques, moules et hari­cots cocos un peu de persil et de la « crème légère ». Les chefs devaient quand même avoir utilisé le contenu d’une vache laitière pour réali­ser leur entrée. On connaît les moules à la crème dans leur version chaude.

En version froide, on accède à quelque chose de tota­le­ment diffé­rent, très lacté évidem­ment, frais et parfai­te­ment bon. On se dit tiens, voilà une bonne idée, j’en refe­rai à la maison, même si, en fait, l’équi­libre, la sensi­bi­lité de la réali­sa­tion parti­cipe de la réus­site de l’en­semble. Il ne suffit pas d’em­pi­ler pour dire qu’on a gagné.

Météo de la cuisine entre froid et tiède

Comme disait récem­ment quelqu’un qui doit se mordre les doigts jusqu’au coude : « c’est dingue la diffé­rence de tempé­ra­ture entre le chaud et le froid  ». Elle parlait de la météo. Cela dit la remarque n’est pas si stupide en parlant de cuisine. La liai­son froid/tiède entre un saumon grav­lax et un œuf Bene­dict ou le chaud/froid de la croûte de cara­mel sortant à peine du supplice du chalu­meau sur une crème à la vanille jouent sur des contrastes de ther­mo­mètre aussi impor­tants que les assai­son­ne­ments.

Comme le jus à la sangria tiède avec le canard chaud, grillé sur la peau et rosé repre­nant les codes d’un apéri­tif à boire frais (avant de tomber par terre en ayant oublié que ce n’est pas du jus de fruits).

On a eu le malheur de répondre à la ques­tion« ça a été le chou farci à la joue de bœuf ? », par « c’est très bon mais on aime bien quand il y a plus de contrastes ». La honte totale, la tête sous un tas de cendres, le chef nous a offert un dessert (super maca­ron praliné amande et poire) pour se faire « pardon­ner pour le chou », sans qu’il y ait lieu d’être.

Un beau geste, merci. Rare et bon esprit, comme ce déten­teur de la carte Avan­tage senior qui lorgnait notre excellent pâté-croûte, avec cet appé­tit de la vie qui agré­mente les bons repas. Il venait de fêter ses 101 ans.

Rosa. 26 bis rue Duquesne, Lyon 6e. 04 78 93 20 91. Ouvert à midi du lundi au samedi. Lundi, jeudi et vendredi soir. Menu du jour (midi et soir) : 27 € (formule : 21 €). Sugges­tions : entre 12 et 26 €.