En France, on adore l’oc­cu­pa­tion… tout au moins dans les théâtres. Après les grèves, multiples au fil des ans, dans les centres drama­tiques – les bien nommés – comme à l’opéra, voici donc aujourd’­hui près de 70 scènes publiques occu­pées en France, dont le TNP ou l’Opéra de Lyon pour parler de chez nous.

Initia­le­ment pour deman­der la réou­ver­ture des lieux cultu­rels, victimes d’une tenta­tive d’as­sas­si­nat par Rose­lyne Bache­lot, reven­di­ca­tion à laquelle on ne peut que sous­crire, mais main­te­nues encore aujourd’­hui, on se demande bien pourquoi…

1000 euros par jour jusqu’en juillet ?

Car à y regar­der de plus près et à entendre ce qui s’y passe quand on va y traî­ner ses guêtres comme nous l’avons fait, s’il y a nombre de mani­fes­tants sincères dans les théâtres occu­pés, il y a aussi nombre de gens qui n’ont rien à faire là et qui sous prétexte de statut (inter­mit­tent), se croient chez eux. Mieux, ils prennent leurs aises en parfaits para­sites, demandent à utili­ser la friteuse ou des loges où dormir alors qu’elles n’ont jamais été prévues pour ça, parfois au mépris de l’hy­giène (regrou­pe­ments sans masques), de la sécu­rité et même du person­nel, contraint de faire du gardien­nage d’adultes sur son propre lieu de travail.

Jusqu’à entraî­ner des surcoûts de surveillance et de maté­riel, pouvant atteindre jusqu’à 1000 euros par jour. Et chez “ces gens-là”, comme aurait dit Jacques Brel, il ne s’agit pas du tout de faire pres­sion pour obte­nir la réou­ver­ture des lieux de spec­tacles, mais bien de pour­rir la situa­tion pour négo­cier la future loi d’in­dem­ni­tés chômage, prévue pour fin juillet, compre­nant notam­ment le statut (très hété­ro­gène et jusqu’ici jamais menacé) des inter­mit­tents.

Le grand chan­tage

En clair, il s’agit de monnayer la réou­ver­ture des lieux occu­pés à des reven­di­ca­tions poli­tiques annexes. ça s’ap­pelle du chan­tage, d’au­tant que les lieux publics par défi­ni­tion appar­tiennent à tout un chacun. L’oc­cu­pa­tion n’a donc pas du tout le même sens pour tout le monde. Même la mairie borde­laise EELV a dû faire expul­ser l’Opéra de Bordeaux occupé par les forces de l’or­dre…

On attend de voir si la mairie lyon­naise sera capable de rendre les lieux publics au public, après qu’il en ait été privé aussi long­temps. Alors plutôt que de vouer un culte bien français et tout pavlo­vien à cette “culture en résis­tance” comme on peut le lire dans nombre de papiers un peu aveugles et rapides, il vaudrait mieux rapi­de­ment démi­ner le terrain, sous peine de lais­ser le spec­tacle vivant mourir dans la main de fossoyeurs idéo­lo­giques. On a toutes et tous assez attendu pour ne pas se retrou­ver otages des fausses querelles de vrais para­sites.

Pour un point de vue complet, lire aussi notre précé­dent édito au moment de la ferme­ture des lieux cultu­rels en octobre << ici >>.