Tenu par Mike et son petit frère Kevo en renfort et en cuisine, Eccen­trico vise l’ex­plo­ra­tion martienne. Kevo, liba­nais d’ori­gine armé­nienne malgré un prénom qui fait un peu breton, ayant vécu en Grèce et en Italie, inté­ressé par l’Asie, et travaillant désor­mais à Lyon, est néces­sai­re­ment en train de créer son propre terroir. Un paysage de strates et de fusions pour propo­ser des plats à parta­ger. La linéa­rité entre/plat/ dessert/ s’ef­face pour un choix hori­zon­tal, multiple, modu­lable et typique de la philo­so­phie des cuisines Ikea. « Indoor picnic » diraient nos amis anglo-saxons. Face à un tarama au crabe (du bon tuning), un carpac­cio de turbot / fruits de la passion et fenouil, une salade de homard et soba (pâtes de sarra­sin japo­naises) vinai­grette yuzu-truffe, un tzat­ziki (yaourt aux herbes et au concombre, efcha­ristó la Grèce) dopé aux œufs de truite, ou des gambas sauce piquante, on peut déga­ger plusieurs indices néces­saires à notre enquête.

Kevo and Mike. (photo V. Lopes)

Se brûler les fesses au feu de l’en­fer

Le chef aime travailler la mer crue comme notre déli­cieux carpac­cio de bar de ligne et pignon de pin, il multi­plie les épices, mais avec une main légère (la persis­tance aroma­tique du poivre de Sichuan de chez Thier­ce­lin, énorme), aime le parme­san râpé et emprunte les passe­relles culi­naires de façon inté­res­sante. Son halloumi (fromage de chèvre et de brebis) grillé, sauce chili et sésame, évoque une brique de tofu dont on aurait brûlé les fesses au feu de l’En­fer, puis assai­sonné dans une taverne mexi­caine avant de la dépo­ser en Asie. Notre plat préféré fut un carpac­cio de cour­gette et saumon fumé, parme­san et maïs , dont l’in­ti­tulé reflète mal le talent. On pouvait dire même qu’il y a du senti­ment. En revanche, on réprouve l’usage assom­mant de l’arôme de truffe que l’on retrouve dans une salade de jeunes pousses d’épi­nards assai­son­née à l’ita­lienne (pas mélan­gée). Mais il y a du style, jusque dans le riz au lait au soja. Quant à la déco à base de néons bleu­tés de type disco­thèque des années 90, qui explique­rait l’en­seigne « excen­trique », elle ne dérange pas et se prête bien à la dégus­ta­tion de cock­tails, autre spécia­lité maison.

Eccen­trico. 33 rue Molière, Lyon 6e. 06 70 54 89 37. Ouvert jeudi et vendredi à midi et du mardi au samedi le soir. Terrasse. Carte : tarama au crabe : 10 euros. Carpac­cio de turbot : 28 euros. T bone black Angus / shii­ta­kés : 48 euros. Carpac­cio cour­gette saumon : 14, 50 euros. Comp­tez au final entre 35 et 50 euros. Photo en haut : Susie Waroude / Exit Mag.