Comme il pense qu’il sait tout faire, Nico­las Bedos s’at­taque donc cette fois au polar. Un meurtre par balle d’en­trée de jeu, un procès et le récit de ce qui s’est passé – ou pas – en flash­backs dissé­mi­nés dans le temps et entre les diffé­rents person­nages, ivre de sa propre écri­ture. Avec des séduc­trices, des impos­teurs, du fric, de la jalou­sie et de la copu­la­tion sans jouis­sance, mais toujours dans de beaux draps. Et des gens qui parlent tout le temps en faisant la gueule, mais en citant Paul Eluard et des vers de « la poésie du XXe siècle » (c’est telle­ment plus chic). Ou en prenant le vrai-faux accent anglais de Jane Birkin pour draguer en douce (pauvre Marine Vacht). Comme si on y croyait…

Casting 5 étoiles pour une Masca­rade

Un seul en sortira indemne : Pierre Niney, toujours impec­cable en homme géné­reu­se­ment soumis à ces dames (il danse très bien), même si son person­nage d’im­pos­teur écri­vain est large­ment pompé sur Un Homme idéal, du’il avait aussi tourné sur la Côte d’Azur avec un certain Yann Gozlan, le futur réal de Boîte noire

Isabelle Adjani en robe paillettes dans Mascarade de Nicolas Bedos.
Isabelle Adjani dans son rôle préféré : elle-même, mais sur le tard…

Doria Tillier troquée contre Marine Vacht

Pendant ce temps, au milieu d’un sur-casting sur-écrit, Isabelle Adjani s’auto-cari­ca­ture dès la première scène en actrice à la « gloire déchue » qui traite de « ploucs » les esti­vants qui passent sur leur yacht du haut de sa terrasse avec vue, avant de tomber dans l’eau avec son épui­sette (sic). Car Nico­las Bedos se croit subtil, et bien sûr nous explique aussi dans son film qu’il s’agit du « grand retour de cette grande comé­dienne » au cas où on n’ait pas compris qu’il préten­dait relan­cer Adjani.

Adjani dans l’auto-cari­ca­ture

La vulga­rité chez Bedos, c’est juste­ment de tout dire et de tout montrer, à commen­cer par ses fantasmes hétéro-normés de beauf de la Côte (grosse moto, yachts, grand hôtels, séduc­tion de dîner mondain et scènes de sexe à loisir façon Marc Dorcel soft, on n’est pas chez Jacquie et Michel). Il a d’ailleurs troqué Doria Tillier pour son sosie Marine Vacht en restant le Pygma­lion de ces dames. Peu importe la part de satire, de premier ou de deuxième degré (qui reste encore à prou­ver), Masca­rade porte bien son nom.

Ce navet préten­tieux éclate son récit inuti­le­ment et étale ses bons mots dans une gale­rie de gens plus ennuyeux les uns que les autres, au milieu de paysages marins qu’il n’ar­rive même pas à filmer (rendez-nous Basic Instinct). Une petite touche de gay par-ci, de femmes battues par-là, Bedos mange à tous les râte­liers, mais rien n’y fait : c’est la médio­crité de son regard qu’il faudrait chan­ger.

Masca­rade de Nico­las Bedos (Fr, 2h15) avec Marine Vacht, Pierre Niney, Isabelle Adjani, François Cluzet, Emma­nuelle Devos, Laura Morante, Charles Berling, Nico­las Briançon… Sortie le 1er novembre.

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