Plus besoin d’al­ler sur la Croi­sette pour deve­nir un festi­va­lier cannois. Comme chaque année désor­mais, une bonne quin­zaine des films de Cannes – et pas des moindres – viennent à vous le temps d’un week-end d’avant-premières au Pathé Belle­cour. En plus des longs métrages sortant simul­ta­né­ment en salles (à commen­cer par Les Crimes du futur de David Cronen­berg, Frère et soeur d’Arnaud Desple­chin, ou Coupez ! de Michel Haza­ni­vi­cius, dont on vous promet la critique en ligne mercredi), voici donc les films de l’été ou de l’au­tomne que vous pour­rez voir en avant-première des mois avant leur sortie…

Boy from heaven, le nouveau film de Tarik Saleh après Le Caire Confi­den­tiel.

Polars et films de genre du monde entier

Avec déjà une tendance dont on ne se plain­dra pas : un retour post-Covid aux ciné­ma­to­gra­phies du monde entier (Corée, Iran, Afrique, Europe du Nord…) et une prédi­lec­tion pour le film de genre… parti­cu­liè­re­ment le polar. C’est le cas de Leïla et ses frères – le très attendu nouveau film du réali­sa­teur de La Loi de Téhé­ran, Saeed Rous­taee (dont premier long-métrage daté de 2016 est encore inédit en France). Un nouveau portrait de la société iranienne, au fémi­nin cette fois. L’his­toire d’une soeur qui provoque l’im­plo­sion de la famille en écha­fau­dant un plan néces­si­tant une forte somme d’argent pour faire affaire avec ses frères… (2h45, sortie le 24 août).

Tout aussi allé­chant, Boy from Heaven, le nouveau film du réali­sa­teur de Le Caire, confi­den­tiel, Tarik Saleh qui, comme son nom ne l’in­dique pas, est suédois (d’ori­gine égyp­tienne).. Un polar hale­tant autour d’une étudiant fils de pêcheur, plongé au coeur d’une lutte de pouvoir poli­tico-reli­gieuse dans l’is­lam sunnite, suite au décès brutal du Grand Imam de l’uni­ver­sité Al-Azhar (le 9 novembre, 2h, presque un court-métrage pour Cannes…).

Mais c’est l’im­pres­sion­nante bande-annonce de Deci­sion to leave, le nouveau polar coréen du Park Chan-Wook (Grand Prix à Cannes en 2004 pour Old Boy, film chou­chou de Taran­tino, qui nous met peut-être le plus l’eau à la bouche. D’au­tant que le pitch est des plus sali­vants : un détec­tive chevronné tombe sous le charme de la femme d’un défunt, mort dans d’étranges circons­tances au sommet d’une montagne. On pour­rait bien retrou­ver les sommets ciné­ma­to­gra­phiques avec Park Chan-Wook. La sortie du film (2h20) est prévue le 28 juin, il n’y aura donc de toute façon pas trop long­temps à attendre avec ou sans Palme d’Or…

Bonus hors compé­ti­tion

Deux autres polars, eux, sont sûrs de ne pas avoir la Palme puisqu’ils sont hors compé­ti­tion : As Bestas, premier film co-produit en France de l’Es­pa­gnol Rodrigo Soro­goyen (Madre) avec Marina Foïs et Denis Meno­chet. Même si son intrigue respire à plein nez l’op­por­tu­nisme social dont est trop souvent capable son produc­teur-distri­bu­teur Jean Laba­die (du Pacte, toujours très présent à Cannes), on reste malgré tout curieux de cette histoire archi-fléchée sur le papier. Jugez un peu : un couple d’agri­cul­teurs éco-respon­sables de Galice qui restaurent des maisons aban­don­nées (allez savoir pourquoi) va rentrer en conflit avec son voisi­nage en s’op­po­sant à un projet d’éo­lien­ne… La tension monte, et le couple vainqueur sera connu le 20 juillet (là encore Soro­goyen prend ses aises avec 2h20 au comp­teur).

Enfin Domi­nik Moll, le réali­sa­teur culte de Harry un ami qui vous veut du bien et Seules les bêtes, revient à ce qu’il sait faire de mieux : le polar hanté par la poisse et l’étrange, pour La Nuit du 12 , plon­gée dans le quoti­dien d’enquê­teurs de la PJ hantés par d’an­ciens crimes, avec Bouli Lanners… (sortie le 13 juillet, enfin un film de moins de 2h, on adore)

Bastien Bouillon et Bouli Lanners dans La Nuit du 12.

Les habi­tués de la Palme

Sans filtre, nouveau brûlot social de Ruben Östlund, lauréat de la Palme d’Or pour The Square en 2017.

Last but not least, les habi­tués de la Croi­sette, à commen­cer par les frères Dardenne, font aussi partie du week-end Pathé avec leur nouvel hymne à la frater­nité migra­toire, Tori et Lokita (sortie le 28 septembre). A l’in­verse, le Suédois Ruben Östlund conti­nue d’ob­ser­ver le monde d’aujourd’­hui de son regard acide porté sur les plus fortu­nés. Après l’ava­lanche fami­liale de Snow Therapy et la satire de l’art contem­po­rain dans The Square (Palme d’Or en 2017), c’est un peu à un mix des deux que nous convie Sans filtre, ou comment une tempête s’abat sur un trio de mannequins et influen­ceurs en pleine fashion week sur un yacht de luxe… La comé­die promet d’être toujours aussi acide, et toujours aussi copieuse chargé (2h30 au comp­teur…).

Plus que jamais d’Emily Atef, le dernier film de Gaspard Ulliel avec Vicky Krieps.

French touch

Pour vous repo­ser, il vous restera les « petits » films français : Vale­ria Bruni-Tedes­chi en compé­ti­tion pour Les Aman­diers (en salles le 9 novembre), en hommage au théâtre de Chéreau, avec qui elle a débuté, y compris au cinéma (dans Hôtel de France, en 1987). Une période mythique entre théâtre et cinéma sur laquelle elle revient en pleine matu­rité, voilà qui promet… Un peu plus que le nouvel Emma­nuel Mouret, Chro­nique d’une liai­son passa­gère, avec Sandrine Kiber­lain et l’iné­vi­table Vincent Macaigne. Last but not least, la bataille des BG avec L’In­nocent de et avec Louis Garrel (une comé­die de gang­sters inat­ten­due tour­née à Lyon), et surtout Plus que jamais d’Emily Atef (pas encore daté), le dernier rôle de Gaspard Ulliel aux côtés de Vicky Krieps.. Enfin plus récréa­tif, le face-à-face Pierre Niney / Isabelle Adjani dans Masca­rade, le nouveau film de Nico­las Bedos, qui aurait pu servir de titre à son auto­bio­gra­phie… La rencontre sur la Côte d’Azur entre un danseur à la carrière brisée par un acci­dent de moto avec une ancienne gloire de cinéma. Je vous laisse devi­ner qui est qui dans cet énième retour promis de la reine Adja­ni… Thierry Frémaux n’est pas fou : le film est présenté hors-compé­ti­tion à Cannes ! De quoi finir un week-end copieux en toute légè­reté (enfin, ça dure 2h22 quand même, déci­dé­ment, c’est une manie…).

Tous les détails de la program­ma­tion cannoise au Pathé Belle­cour.

Belphé­gor ? Non, Isabelle Adjani face à Pierre Niney dans Masca­rade de Nico­las Bedos…